« Bac », l’éditorial de Paule Masson dans l’Humanité de ce jour !
Puisque
les épreuves du baccalauréat commencent, tentons un petit problème de
mathématiques. Sachant que l’ancien PDG de Carrefour, Georges Plassat, est
parti à la retraite avec un chèque de 13,17 millions d’euros, que devant le
tollé suscité par une somme qui représente presque mille années de Smic, il
concède à renoncer à une « petite » prime de 3,9 millions d’euros, quel
est le prix de l’indécence ? Sur l’échelle statistique, la réponse est
100%. Entre 2015 et 2016, comme « patron le mieux payé de France »,
il s’est octroyé une augmentation de 38%, tandis que l’essentiel des 115 000
du groupe se débattent toute leur vie avec un salaire minimum. En logique, la
note approche le zéro pointé, tellement l’explosion des rémunérations des
grands PDG et actionnaires dépasse aujourd’hui l’entendement. En probabilité,
la cagnotte Plassat fait grimp1er en flèche le taux d’indignation qui, scandale
après scandale, atteint l’indigestion.
Passons
maintenant à l’épreuve du jour, les futurs bacheliers étant invités ce matin à
entamer une semaine d’examens par la philosophie. Le sujet du moment pourrait
être : la loi constitue-t-elle pour la liberté un obstacle ou une
condition ? Ce qui est sûr, c’est que le gouvernement Macron veille sur la
liberté d’entreprise comme Picsou sur son trésor. Pour éviter tout débat sur
une loi d’encadrement des salaires qui pourrait taxer les très hauts revenus ou
imposer une échelle de rémunération entre le plus bas et le plus haut niveau,
le Medef est invité à réviser son code de bonne conduite. Comme chaque fois,
histoire de verser une pincée d’inutile morale sur un monde où les
porte-étendards du laisser-faire ont tous les droits.
«
C’est uniquement parce que les gens qui n’ont rien que les lois sont une
nécessité », disait Engels. À rebours d’une société du mérite qui érige en
système le chacun pour soi, dans l’imaginaire français la loi reste une
condition de la liberté, un bouclier contre la loi du plus fort. Ou du plus
riche.
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