« Hospitalité », l’éditorial de Jean-Emmanuel Ducoin dans l’Humanité de ce jour !
Peu de
mots, en vérité, nous hissent assez haut pour exprimer ce que nous ressentons à
la lecture du rapport annuel publié par le Haut-Commissariat de l’ONU pour les
réfugiés (HCR). Nous touchons là l’histoire dans ce qu’elle a parfois de plus
froid, mais dans toute la noirceur de sa
réalité jamais réductible à des chiffres. Et pourtant. Le nombre de réfugiés et
de déplacés suite aux conflits dans le monde a atteint, en 2017, un nouveau
record dont le plafond ne cesse de s’éventrer depuis cinq ans : 68,5
millions. Vous avez bien lu. Derrière cette statistique accablante – soit la
totalité de la population française ! –, il y a des visages, des destins,
des vies brisées. La moitié de ces humains en errance sont es enfants. Et nous
devrions tourner nos regards ?
La maudite
aventure de l’Aquarius hantera durablement les consciences européennes. En
violation des conventions internationales, du droit maritime et des principes
les plus élémentaires dus aux personnes, les dirigeants ont délibérément laissé
l’Aquarius et ses 629 exilés dériver dans la souffrance, la faim et la soif. Une
honte absolue. Minables responsables européens, incapables de s’inventer un
magistère éthique sur la scène internationale en plein fracas géopolitiques. La
chancelière recule, l’Italie bascule dans l’horreur et, chez nous, en pleine
discussion de l’odieux projet de loi asile-immigration, la politique du gouvernement
en la matière provoque des haut-le-cœur… Le nouvel exécutif espagnol et les
mairies progressistes du pays auront au moins sauvé l’honneur.
Pas question
d’affirmer ici qu’il est simple d’accueillir. Mais nous parlons d’êtres
humains. Et les défis humains obligent l’humanité toute entière. Il existe, par
exemple, un invariant historique propre à la France : jamais dans notre
histoire, en particulier au XXe siècle, la société ne s’est
effondrée ni même affaiblie – au contraire – lorsqu’il fallut accueillir une
part de nous-mêmes. La Frances est donc observée. Et nous désespérons qu’elle
ne soit pas à l’initiative pour conjurer ce que devient le monde sous nos yeux :
une planète de réfugiés.
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