« Le poison », l’éditorial de Maurice Ulrich !
Le rétropédalage
de Donald Trump est à saluer comme une victoire contre ce qu’il faut bien
appeler la barbarie. C’est le mot quand on sépare des enfants de leurs parents
simplement en quête d’un monde un peu meilleur. Une vague d’indignation a parcouru
le monde devant ces grilles. On sait qu’elles en ont rappelé d’autres. Mais ne
nous y trompons pas. Nous devons être inquiets car nous semblons entrer dans
une zone sombre de l’histoire. La question migratoire n’est pas celle des
migrants, mais celle de l’l’état du monde. Le journal britannique « The,Guardian »
publiait, mercredi, ce chiffre et des noms : depuis 1993, 34 000 personnes
sont mortes sur les routes de l’exil. Des petits maîtres de haine, en France même,
ne cessent depuis des années d’instiller dans les consciences plus que le rejet
de l’autre, la ngation même de son droit au partage d’un monde commun.
Alain
Finkielkraut, dans un colloque philosophique (1) osait, il ya quelques temps,
parler de migrants comme de la « catégorie hors-sol » Un autre
stigmatisait, voici peu, ceux qui prennent le bateau « en sachant très
bien qu’ils seront sauvés ». Ce n’est pas marginal, car le poison n’est
pas seulement le fait d’électorats populaires frustrés. Il se diffuse dans tous
les milieux, et pas seulement à l’extrême droite. Au sein même du gouvernement,
les mots de Gérard Collomb en témoignent. L’attitude du pouvoir pendant l’errance
de l’Aquarius, la pénalisation de l’aide aux migrants pendant qu’on laisse
faire des milices d’extrême droite aux frontières viennent saper les bases de l’édifice
républicain.
On tourne
nos regards aujourd’hui vers les autres pays européens, et Emmanuel Macron, à l’approche
du Conseil de l’Europe dans une semaine, joue volontiers l’humaniste. En 2016,
la France a accueilli 50 réfugiés pour 10 000 habitants ; l’Allemagne
117 ; l’Autriche 131 ; la Suède 243… Nous devons être inquiets. Les valeurs
universelles, qui ont triomphé des heures les plus noires de l’histoire, sont
aujourd’hui menacées.
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