« Soumettre », l’éditorial de Patrick Apel-Muller dans l’Humanité de ce jour !
Le paquet
est ficelé : moins de parlementaires et un découpage qui s’attachera à
éliminer les esprits rétifs ; moins de possibilité pour les députés de
faire et de discuter la loi ; une dose infime de proportionnelle (15%) qui
réduira la diversité politique à un simple témoignage. La réforme
institutionnelle qui sera présentée la 9 juillet ne fera qu’un vainqueur, le
présidentialisme, déjà triomphant dans le constitution de la Ve République
et plus encore depuis l’instauration du quinquennat. Cette modification de
convenance vise à ôter les obstacles qui freinent la marche forcée dans le
libéralisme qu’il a lancée.
« Monomanie
césarienne » que dénonçait Jean Jaurès ? Plus. Cette réforme
ambitionne un ordre autoritaire qui ferait des revendications de la finance un
impératif supérieur. L’idée n’a pas germé toute armée de la cuisse du nouveau
monde. Elle est brevetée Angela Merkel sous le label « Marktkonforme
Demokratie » et date de septembre 2011. « Les exigences démocratiques
doivent être compatibles avec le marché », avait déclaré la chancelière
allemande. Se soumettre et se démettre, donc.
L’addition
fait sens. en refoulant la démocratie de parti au profit d’un mouvement aux
contours lâches, piloté par une petite technocratie politique, la Macronie s’évite
les débats internes. En refusant une place à la démocratie sociale et aux
syndicats, le nouveau pouvoir s’affirme sourd aux exigences populaires et
disposé à les piétiner. L’entreprise s’accompagne d’un discours récurrent sur
la responsabilité des pauvres, des populations de banlieue, des salariés dans
la situation qu’ils vivent. La grande bourgeoisie applaudit, confortée dans ses
privilèges et réjouie des ferments de division semés dans la population. Remplacer
les citoyens par des consommateurs dispersés ou leurrés par les dorures de l’apparat,
c’est un projet de société. Pas très neuf, mais toujours à l’ordre du jour des
penseurs du capital. Pour l’heure, c’est le Parlement qu’il faut déchoir.
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