Stabilité de la population à Romainville: "Les vraies raisons"
Stabilité de la population à Romainville : "Les vraies raisons"
Un journal du matin vient de
publier les dernières données de l’INSEE (Institut National de la Statistique et
des Études Économiques). On y apprend que Romainville compte 25631 habitants
(-0,01%).
Et comme le ridicule ne tue pas,
voilà ce qu’on peut lire sur la page facebook du MGC, le groupe politique auquel appartient Madame la Maire :
« À celles et ceux qui
martèlent que les élu-es de la majorité municipale de Romainville que la ville
est bétonnée et que son expansion n’a rien à voir avec les besoins de la
population, manquant cruellement d’équipements publics, voici un démenti
cinglant… Deux constats s’imposent, le premier c’est que la population de
Romainville continue de diminuer, moins 0,01% soit 200 personnes en moins. Et
çà nous encourage à faire davantage pour le parcours résidentiel. Le deuxième
c’est que la Seine-Saint-Denis est le département où l’on fait le plus de
bébés… »
Nous n’aurons pas la cruauté
d’invoquer le français approximatif de ce propos, nous préférons nous en tenir
à l’essentiel.
En premier lieu quel rapport
peut-il y avoir entre le nombre d’habitants que compte notre ville et le manque
évident d’équipements publics ? Il en est de même concernant
l’aménagement. Ainsi, selon son auteur, la preuve serait ainsi faite que le
« bétonnage » de notre ville serait une imagination des mauvaises
langues. C’est à se demander pourquoi tant de grues envahissent notre paysage,
et pourquoi nous observons autant de bureaux de vente des promoteurs
immobiliers ?
Mais ce propos vise surtout à masquer
l’écart entre les annonces et la réalité. Voici ce que disait Madame Valls le
21 janvier 2016, lors de la présentation de ses vœux : « Nous l’avons
toujours dit, nous en avons débattu et l’avons acté en atelier urbain, nous
sommes favorables à une évolution maîtrisée de la population qui irait à 30.000
habitants à l’horizon 2030. Aujourd’hui notre population évolue à peine, 25881
habitants au dernier recensement…»
Notons la prudence dont a fait
preuve madame la Maire car au début des années 2000, il n’était pas question de
« 2030 ».
Que l’on se comprenne bien, il ne
s’agit pas ici d’une bataille de chiffres, mais de conceptions opposées en
matière d’aménagement et d’habitat. Combien de fois, avons-nous, sur ce site, évoqué ces questions ? Que disions-nous,
il a déjà trois ans :
« En fait deux volontés, on
pourrait parler d’obsession, guident les choix de la majorité municipale :
Parvenir le plus rapidement possible à une ville comptant 30.000 habitants et
ne construire aucun logement social supplémentaire. Une remarque cependant. En 1982 Romainville comptait 25.353 habitants, 25.199 en 2006, 25.512
en 2011, 25657 en 2013 (26.631 aujourd’hui). C'est-à-dire une grande stabilité
depuis une dizaine d’années. Or un constat s’impose, des centaines de logements
en accession à la propriété ont été construits, amenant des populations
nouvelles à venir vivre dans notre commune, et elles sont les bienvenues. Par
ailleurs le solde migratoire est positif ».
Alors comment expliquer cette
stabilité de la population, année après année ? Pour madame la Maire
(toujours dans son allocution du 21 janvier 2016), « c’est parce que trop
de nos concitoyens vont chercher ailleurs un premier logement en location, un
pavillon, un appartement en accession, un nouveau cinq pièces… » Elle ne
manque décidément pas d’aplomb ! D’abord, mais ce n’est pas l’essentiel,
des salarié(es) arrivé(es) à l’âge de la retraite quittent notre ville pour
rejoindre leur petite résidence acquise au prix d’années de sacrifices. Et
puis, il faut faire preuve de lucidité, des centaines de familles, de jeunes,
quittent Romainville faute de trouver un logement correspondant à leur
situation sociale. Alors, oui madame la Maire, ils vont chercher ailleurs.
Peut-être faudrait-il que les élu-e-s de la majorité municipale s’interrogent
sur la conception qui est la leur de ce fameux parcours résidentiel. Pour nous, c’est diversifier l’offre de logements, afin de répondre aux besoins du plus
grand nombre.
Au lieu de cela et pour atteindre
ces fameux 30.000 habitants, il faut densifier, bétonner encore et encore. Et à
chaque fois, pour répondre aux appétits des promoteurs immobiliers, on modifie
le Plan Local de l’Urbanisme (PLU). Oui c’est une réalité, l’espace est
malheureusement grignoté par ces opérations qui n’en finissent pas. Discours de
passéistes, de conservateurs. Aucunement. Construire, rénover, bouger, changer,
avancer, répondre aux besoins, oui. Mais pas au prix de vendre la ville et sa
mémoire aux spéculateurs, et de contraindre des familles, des jeunes à quitter,
à contre cœur, la ville où, elles, ils sont nés.
Ainsi, comme le prouve
l’évolution de la population depuis une bonne dizaine d’années, pour atteindre
les 30.000 habitants, il faudra, c’est une évidence, avoir recours à un
bétonnage record. À moins de changer de politique d’urbanisme et d’habitat.
Mais, c’est une autre histoire !
Soyez le premier à commenter !
Enregistrer un commentaire