" Déni de réalité ", l'éditorial de Maurice Ulrich dans l'Humanité de ce jour !
Le lamentable cafouillage, pour
ne pas dire autre chose, auquel nous venons d’assister autour de chiffres de la
participation à la primaire de dimanche n’est pas une atteinte de plus au
crédit déjà bien entamé du PS. C’est aussi le symptôme d’un déni de réalité. La
force propulsive du PS n’est plus et, faute de le reconnaître, la direction
socialiste, de manière consciente ou pas, a choisi de la simuler. Au moment où
l’on ressort « Tintin au pays des soviets » avec ses usines en trompe
l’œil, c’est assez cocasse.
Le même déni de réalité habite
Manuel Valls dans son obstination à se poser en candidat présidentiel sans
lequel el ne serait point de salut. On se demande par quelle étrange opération
proche de la multiplication des pains l’ancien premier ministre, pourrait
rassembler autour de lui quand il n’est pas parvenu, dimanche, à le faire avec
les plus motivés des électeurs de son camp. C’est dans la même veine qu’il faut
apprécier, l’outrance de ses propos à l’encontre de son « camarade »
Benoît Hamon, avec un argumentaire dont on peut tout de même s’étonner qu’il
soit repris avec tant de zèle par nombre de commentateurs. Il serait, lui, le
réalisme, face aux illusions et aux rêves d’une gauche inadaptée au monde
moderne. En somme, le réalisme, c’est l’échec, c’est la faillite d’un
quinquennat désavoué. Manuel Valls aura beau, ce soir, se hausser du col, se la
jouer en costume de présidentiable, on peut parier que rien n’y fera. Le réel,
disait Jacques Lacan, c’est quand on se cogne.
Le réalisme de Manuel Valls se
prend la réalité en face, mais il se refuse toujours de la voir. Ou, plus
exactement, s’il la prend pour partie en compte, c’est avec l’idée de changer
de cheval au milieu du gué, pour acter définitivement une rupture. Son refus de
répondre à la question de savoir s’il respecterait le choix des électeurs de
dimanche prochain est déjà, en soi, une réponse. En revanche, ce qui s’est
exprimé dimanche, c’est bien la volonté de ceux qui sont allés voter et, dans
les limites que nous avons évoquées plus haut, de remettre le PS sur des
chemins de gauche. On peut discuter de leur tracé, mais il serait insensé de
les ignorer.
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