" Calculs privés et intérêt général ", l'édito de Michel Guilloux dans l'Humanité de ce jour !
" Calculs privés, intérêt général ", l'éditorial de Michel Guilloux dans l'Humanité de ce jour !
Jésus marchait sur l’eau, lui
conseille d’en boire. Jésus chérissait les pauvres, lui les méprise
cordialement. Jésus multipliait les pains, lui les ralliements. Dernier ravi de
la crèche par le télévangéliste, Bernard Kouchner ne tarit pas d’éloges sur
Emmanuel Macron. Revenu de tout, ex de pas mal de choses, du gouvernement
Sarkozy, du PS…, ses offres de service ont du moins le mérite d’indiquer le
sens du vent. Notons seulement que dans leurs concurrence et appétits effrénés,
du Front national au courant social-libéral en passant par la droite, tous ont
à l’occasion la même tarte à la crème, resservie ce week-end par un Bruno
Retailleau au sourire carnassier : « ce n’est pas en essayant d’appauvrir
les riches qu’on va enrichir les pauvres… » Voilà qui va contribuer « à
réconcilier les Français avec la politique », comme on dit. Mais,
justement le divorce n’est-il pas la condition de la victoire de ces idées égoïstes
de ces gens-là, jusqu’au pire ? Parce qu’il ne faut surtout pas « enrichir
les pauvres ».
Alors, où est l’intérêt général.
Bien attaqué de toute part, il est du côté de Tarbes, où des femmes en colère,
salariées d’une clinique privée, ont fait plier la logique de la calculette à
dividendes au terme d’une lutte historique par sa durée dans ce secteur. Il
palpite dans tous ces quartiers populaires dans lesquels jeunes, parents et
profs se battent pour défendre l’inscription dans la réalité de l’égalité le
droit à l’éducation. Il jaillit dans les tribunaux, en manque de magistrats
comme de greffiers, à l’occasion des audiences solennelles de ce mois de
janvier. Il éclot dans ces villes comme Ivry, Vitry et Paris – et bien d’autres
en France –, dont élus de toute obédience de la gauche, habitants, associations
de solidarité – pas de charité – se donnent la main pour rendre hospitalier
notre pays aux hommes, femmes et enfants chassés par la guerre. Il se révèle
dans ces gares où de jeunes syndiqués ne veulent pas que le transport public s’engage
sur une voie de garage. Ils n’attendent pas le Messie, ils sont les lanternes
de l’espoir.
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