" L'électeur, la brute et les muets ", l'éditorial de Patrick Apel-Muller dans l'Humanité de demain !
Mariano Rajoy a choisi la politique du pire. En choisissant la violence, il radicalise le séparatisme – pourtant jusqu’alors minoritaire dans la population –, pousse les Catalans, horrifiés par la violence policière qui a déferlé sur la région, à rompre avec Madrid. Le pari du premier ministre espagnol est tout à la fois d’apparaître comme le symbole de l’Espagne unie à tout prix et de réveiller les fantômes du franquisme qui hantent puissamment le Parti populaire. Dans les manifestations auxquelles il avait appelé, des milliers de manifestants tendaient le bras à la façon des Phalanges. Ainsi pense-t-il redonner de l’élan à une formation qui a sombré dans les scandales et la prévarication, et que de moins en moins d’électeurs soutiennent.
Visages ensanglantés, personnes âgées frappées par les gardes civils, bureaux de vote occupés… et, en face, des urnes qui s’installent dans les rues et l’acte de voter brandi comme un geste de résistance démocratique. L’Espagne et la Catalogne glissent sur une pente dangereuse, et Bruxelles comme Paris détournent le regard ou gardent le silence. Certains y jugent que l’ordre libéral exige une bonne dose d’autoritarisme ; d’autres se réjouiraient d’une pulvérisation du continent en régions moins capables que les nations d’exprimer une souveraineté populaire ; les derniers se sentent mal placés de réclamer à Madrid un dialogue qu’ils refusent à Paris.
La situation n’a pourtant pas d’autre issue positive qu’une discussion politique et une résolution démocratique. Les forces progressistes espagnoles, mais d’autres aussi, proposent que soient réexaminées les relations entre l’État central et les régions pour que les identités culturelles de ces dernières, ainsi que leurs facultés de décider soient mieux respectées. C’est ce chemin qui doit être exploré, plutôt que les charges matraque en main ou les tirs de balles en caoutchouc.
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