" Droit de cuissage " et " promotion canapé ", l'éditorial de Maud Vergnol dans l'Humanité de ce jour !
À la faveur de « l’affaire
Weinstein », un vent de libération de la parole s’est mis à souffler, qui
ébranle le mur de l’indifférence et du déni, secoue le sentiment d’impunité. Harvey
Weinstein aurait-il pu violer et agresser autant de femmes pendant si longtemps
s’il n’était qu’une petite main sur un plateau de tournage et n’avait pas le
pouvoir de faire et défaire des carrières ? Les agressions sexuelles
envers les femmes sont un fait social qui touche l’ensemble de la société. Elles
sont le produit d’une domination masculine pluriséculaire qui vient se nicher
jusque dans le langage et d’une « culture du viol » qui continue de s’afficher
sur les panneaux publicitaires. Mais ce n’est pas un hasard non plus si le
ponde du travail, la politique et les médias arrivent en tête du fleuve de
témoignages publiées sur la toile sous le hashtag #balancetonporc. Souvenons-nous
de l’abominable expression « troussage de domestique » utilisée au
sujet de l’« affaire DSK ». Encore aujourd’hui, la peur de perdre son
emploi incite les femmes à se taire. Car l’entreprise est un creuset de ces
violences. En France, le harcèlement sexuel touche une femme sur cinq. Près de
30% des victimes n’en parlent à personne, moins d’un quart le signalent à leur
employeur et 5% des cas sont portés devant la justice.
Pire, ce sont les victimes
elles-mêmes qui sont souvent sanctionnées, quand elles ne sont pas licenciées,
pour avoir parlé de leurs souffrances. Un tel fléau méritait mieux que la
suppression du ministère dédié à l’égalité femmes-hommes et la disparition des
CHSCT, permise par les ordonnances sur la loi travail, qui enterre l’unique
lieu où pouvaient être traitées les situations de harcèlement. Dimanche, le
mouvement né sur les réseaux sociaux va se concrétiser dans la rue. Cette parole,
qui fait si peur aux Zemmour, Finkielkraut et autres promoteurs zélés du
patriarcat, va pouvoir s’incarner en milliers de visages, et ainsi démontrer
que ces agressions n’ont rien de virtuel.
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