" Encore Noël ", l'éditorial de Maurice Ulrich dans l'Humanité de ce jour !
Stupeur au Medef dont le vice-président,
Thibault Lanxade, dénonçait hier une « injustice totale » avec l’éventuelle
décision du gouvernement qui demanderait aux très grandes entreprises de payer
une partie de ce que représente l’annulation de la taxe de 3% sur les
dividendes par le Conseil constitutionnel. La taxe, modeste, mise en place lors
du précédent quinquennat, représentant une ardoise de 10 milliards d’euros. « Les
grands groupes sont montrés du doigt en France, les banques seront impactées de
façon très forte », feint de paniquer Thibault Lanxade, qui souhaite des
contreparties, en particulier avec le Cice. Il faut le rassurer. En progression
de 40%, les résultats des grands groupes du CAC 40 se sont établis pour 2016 à
77 milliards et ceux des six plus grandes banques à 25,3 milliards. Çà laisse
une certaine marge, à supposer même qu’une telle mesure soit mise en place, ce
dont on peut douter au regard de cette réaction du Medef à laquelle le
gouvernement pouvait s’attendre, quitte à prétendre qu’il a essayé.
Faut-il s’en étonner ? Ce n’est
pas le sens du bien public qui dépeint le mieux les valeurs du Medef. Qu’on se
souvienne de Pierre Gattaz avec son badge annonçant la création d’un million d’emplois
comme réponse au Cice. Les promesses n’engagent que ceux qui y croient et le
gouvernement d’alors a fait semblant d’y croire contre les mises en garde y
compris eu sein de sa propre majorité. Cette année les chiffres explosent. Au Sénat,
le communiste Pascal Savoldelli, rapporteur de la mission budgétaire pour la
commission des finances, a fait les comptes. Le Cice et le CIR (le crédit d’impôt
pour le compétitivité, l’emploi et le crédit d’impôt recherche) vont
représenter cette année 27 milliards, sans que l’on en connaisse « l’usage,
la destination, les objectifs ». Et ce n’est que la part émergée d’un
iceberg de dizaines de milliards accordés aux entreprises, quand les emplois
annoncés par le Medef ont déjà sombré. Le cas des Nestlé, que nous évoquons,
est exemplaire, et ne comptons pas sur le pouvoir actuel. Pour le patronat, le
père Noël, c’est tous les jours.
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