" L'égalité, toute l'égalité ", l'éditorial de Patrick Apel-Muller dans l'Humanité de ce jour !
Vous avez dit « irréaliste » ?
Bernard Cazeneuve, qui avait réuni, hier après-midi, un aréopage de ministres
pour examiner les revendications de la population guyanaise, a rejeté sa
demande d’ajouter 2,5 milliards d’euros à l’aide d’urgence promise afin de
rattraper le retard accumulé dans le développement de ce territoire d’outre-mer.
Pourtant, le ton a changé. Alors que Mathias Fekl et Éricka Bareigts avaient
menacé et présenté leurs mesures comme à prendre ou à laisser, le premier
ministre a invité « à renouer le dialogue ».
« Plus on veut, mieux on
veut », écrivait Baudelaire. La population guyanaise réclame l’égalité,
toute l’égalité, avec la métropole. L’insatisfaction couve depuis longtemps et
les gouvernements successifs sont restés sourds. L’ampleur du mouvement a d’abord
contraint à dépêcher des ministres, qui ont cédé 1 milliard d’euros en urgence.
Mais çà ne fait pas le compte des financements nécessaires « pou Lagwiyann
dekolé » (pour que la Guyane décolle). La somme de 2,5 milliards d’euros
est à la mesure des retards accumulés, de l’absence ou de la vétusté des
services publics et des fragilités sociales du département. Un pansement ne
suffit plus et la population, qui a par le passé sympathisé avec la lutte
contre la pwofitasyon en Guadeloupe, sait que les promesses peuvent vite s’envoler.
Aujourd’hui, le gouvernement s’abrite
derrière la perspective d’un nouveau gouvernement après l’élection
présidentielle pour sous-entendre que le moment est mal choisi pour
revendiquer. Amis cette proximité l’a contraint à un premier recul notable. Les
grévistes et les manifestants le savent : tout progrès est une force pour
de nouveaux progrès. Ils sont la République, celle qui proclame l’égalité et la
fraternité sur tous nos frontons, plus que ceux qui leur mégotent leurs droits.
Soyez le premier à commenter !
Enregistrer un commentaire