" Jeu de cache-cache avec l'évasion fiscale ", l'éditorial de Sébastien Crépel dans l'Humanité de ce jour !
Le sang et les larmes ne font
plus recette. À l’heure des données numériques d’où surgissent à un rythme
accéléré les scandales d’évasion fiscale (LuxLeaks, Bahamas Leaks, Panama
Papers, UBS et, désormais Crédit Suisse), lesquels impliquent la soustraction
de dizaines de milliards d’euros aux recettes publiques, difficile, pour ne pas
dire impossible pour les candidats de l’argent, de convaincre une majorité d’électeurs
qu’ils vivent « au-dessus de leurs moyens » ? À part François
Fillon, enferré dans une campagne incompréhensible, plus personne n’espère
gagner la prochain scrutin avec la mise en avant des sacrifices à consentir au
nom de la réduction du « poids insupportable de la dette publique ».
Résultat, les deux candidats
donnés favoris par les sondages en sont réduits – quel paradoxe ! – à jouer
à cache-cache avec leur propre programme pour convaincre. Emmanuel Macron, en travestissant
sous un vocabulaire à consonance « progressiste » des idées en
réalité puisées au camp libéral et austéritaire : réduction de 60
milliards d’euros de la dépense publique d’un côté, nouvelles baisses de prélèvements
pour le capital de l’autre, déguisées en soi-disant hausses de salaires, qui
signifient en réalité moins de retraites et d’assurance-maladie.
Quant à Marine Le Pen, elle
emprunte son vocabulaire social à la gauche, mais son conseiller économique
parle pour la candidate qui a désormais ses entrées au Medef : le FN est « l’ami
du CAC 40 ». Et la candidate d’extrême droite de vouloir restreindre la
Sécu dont elle dénonce la « gabegie », tout en caressant les patrons
avec des baisses de « charges ».
Il reste moins de vingt jours
pour démasquer les artisans de ce programme commun qui épargne le « sport »
favori des plus riches, à l’origine d’un « trou » de 60 à 80
milliards annuels dans les finances publiques de la France. C’est court, mais c’est
assez, si la dynamique autour de la candidature de Jean-Luc Mélenchon se
confireme.
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