" Epouvante et épouvantails ", l'éditorial de Patrick Apel-Muller dans l'Humanité de ce jour !
Peut-on penser la fine fleur du « Figaro »
sotte au point de croire que Jean-Luc Mélenchon est « l’apôtre des
dictatures », qu’il est un tribun « délirant » et qu’une « France
mélenchonisée » devra importer « importer du fromage et du vin » ?
Trois pages et la une du quotidien de droite sont de ce tonneau. La consigne
donnée par Pierre Gattaz a été entendue cinq sur cinq, et il faut sauver le
soldat Fillon, que les sondages placent désormais en quatrième position. Quant à
François Hollande, qui avait préféré une soirée de théâtre aux bouffes
parisiens, plutôt que de suivre les échanges de la primaire socialiste, il est
sorti de sa semi – retraite pour voler
au secours de son fils prodigue Emmanuel Macron. Il a choisi le « Point »
pour dénoncer la « mode Mélenchon » et les périls qu’elle ferait
courir. Dans cet hebdomadaire qui avait injurié Philippe Martinez lors du
mouvement contre la loi El Khomri, nul besoin de subtilité. Le Président recalé
dénonce les « falsifications ».
Les épouvantails de 1981 avec les
chars soviétiques sur la place de la Concorde, les caricatures et les insultes
qui avaient précédé le référendum de 2005 sont donc dépoussiérés en hâte…Les
puissants s’inquiètent. Le scénario leur semblait pourtant propre à garantir la
poursuite de l’austérité et des déréglementations. Avec Emmanuel Macron ou
François Fillon l’emportant sur Marine Le Pen, leurs affaires suivraient leurs
cours, toujours à la hausse. Mais l’opinion doute et rechigne à être dupe. Elle
a payé pour se méfier de ces soudaines avalanches de propagande. Peut-être les
paroles de la chanson Crocodaïl, de Jacques Higelin, flottent-elles dans les
mémoires : « Petit agneau qui tête encore sa mère, / Méfie-toi /
Du bord des eaux troubles / Où l’on peut flotter / les narines et l’œil opaque
/ Les gros reptiles à quatre pattes /
Qui te guettent. »
Cependant le pilonnage entrepris
contre Jean-Luc Mélenchon met en lumière l’existence d’une issue, prouve qu’il
fait vraiment « turbuler le système », signale les apports
communistes. Les hommages du vice ne dérangent pas la vertu.
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