" Au nom de la gauche ", l'éditorial de Jean-Emmanuel Ducoin dans l'Humanité de ce jour !
Ainsi donc, il aura manqué un peu
plus de 600.000 voix pour que Jean-Luc Mélenchon se qualifie. C’est à la fois
beaucoup…et si peu. Si peu, oui, qu’une légitime rage continue de marteler nos
cerveaux, tant les quelques pas, ceux qui ont manqué pour renverser l’Histoire,
se trouvaient là, juste devant nous. L’occasion manquée nous laisse d’intimes
et profonds regrets. Tâchons néanmoins
de dépasser le seuil de l’amertume, jamais bénéfique par grand vent.car le
résultat de Jean-Luc Mélenchon ouvre une nouvelle page dans l’histoire de la
gauche. Il remet les points sur les « I ». Pour l’heure, l’hégémonie
du PS n’est plus d’actualité.et, pour la première fois depuis 1969 et les 21,4%
du communiste Jacques Duclos, le centre de gravité redevient le pôle de
transformation sociale de la société. À regarder attentivement la carte
électorale, le paysage à gauche n’est plus le même. Dans les quartiers populaires,
dans un nombre considérable de villes, grandes ou moyennes, sans parler chez
las jeunes, le peuple du progrès a retrouvé de la conviction et de l’utilité.
Bien sûr, il ya le 7 mai…Il nous faudra, hélas mais sans trop
d’hésitation, donner un nouveau coup d’arrêt à la progression – ininterrompue –
du Front national et de sa chefaillonne.
Et après ? Ne tournons pas autour du pot. Comme prévu, une vaste
recomposition s’avance déjà. Elle nous concerne. Nous entrons dans une nouvelle
séquence, incertaine, mais passionnante, d’autant que rien n’atténuera ni cette
crise politique et sociale qui, l’une après l’autre, asservissent les esprits. Le
score de Jean-Luc Mélenchon n’a pas suffit, certes, mais il s’avère assez
remarquable. Il démontre que la vraie gauche n’est pas morte. Et que son
dynamisme porte loin, précisément quand elle est vraiment de gauche. Ce moment
historique doit se poursuivre : faisons fructifier l’élan, accélérons
cette formidable germination, bref, créons vite les conditions d’y réfléchir
sérieusement. Notre gauche, large et rassemblée, a tous les atouts pour
préparer l’avenir. Elle seule concentre toutes les oppositions véritables. Elle
est à la fois antilibérale, anticapitaliste et antinationaliste. Ce sont des
promesses pour la suite. À une condition : Au travail ! Au nom de la
gauche.
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