" Le trompe-l'oeil d'Emmanuel Macron ", l'éditorial de Patrick Apel- Muller dans l'Humanité de ce jour !
Évoquant ces tableaux où tout est
sacrifié à l’effet, Jean Cocteau écrivait : « Combien d’hommes
profondément distraits pénètrent dans les trompe-l’œil et ne sont pas revenus. »
L’aventure menace qui abandonne les rivages de la gauche pour l’Aqualand et le
spectacle d’illusion d’Emmanuel Macron. Retournons donc la médaille lustrée par
ses communicants et la plupart des grands médias.
« Un homme neuf »,
celui qui inspira à l’Élysée la politique économique de François Hollande, puis
la prit en main à Bercy ? À ce titre, il ne peut échapper au passif social
du quinquennat, à un bilan que 70% des Français jugent mauvais. Là où il est
passé, les droits des salariés se sont flétris, les services publics se sont
rabougris, les dimanches se sont mis à ressembler à des lundis. Seuls à s’épanouir :
les grandes fortunes et les dividendes. L’ancier banquier d’affaires leur
promet de l’engrais fiscal.
« En marche vers le
renouveau ? » Mais dans quelle direction ? Sous le néologisme
branché de l’ubérisation a surgi le spectre des tâcherons des siècles passés,
sans assurance sociale ni garantie d’emploi. La modernité qu’il surjoue a des
allures d’en avant vers le passé. Rien ne doit bouger dans les institutions,
sinon lester d’encore plus d’un présidentialisme qui confine au césarisme. Il veut
ôter aux députés une partie de leurs droits à légiférer, brandit le 49-3 comme
une arme de destruction massive et veut exclure les syndicats du champ des
décisions nationales.
« Un véritable Européen ? »
Il ne veut pourtant soigner aucun des maux dont souffre l’UE, fait ses
dévotions à Angela Merkel et considère l’Europe comme un marché et non comme
peuples à entendre et satisfaire. Lové dans les moules de l’austérité, il n’envisage
pas de mettre un pied dehors. En supprimant 120.000 postes de fonctionnaires,
en asphyxiant les services publics à force de réductions budgétaires, c’est le
modèle social européen qu’il liquide. Les trompe-l’œil cachent souvent des
façades lépreuses…
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