« Les charognards à l’affût ! » (Patrick Le Hyaric)
En même temps » qu’ils
multiplient les éloges sur les personnels de santé des hôpitaux publics, nos
gouvernants commandent en douce des rapports qui visent à poursuivre l’asphyxie
de notre système de santé public !
Cette
haute trahison, cette forfaiture, intervient alors que médecins, infirmiers ou
réanimateurs se saignent aux quatre veines pour soigner et sauver des vies en
mettant la leur en danger, du fait même des pénuries et négligences
gouvernementales. Ce sale coup se prépare dans les arrière-cuisines peu
ragoutantes des industries chimiques, des assurances privées, des banques et
des cabinets ministériels. Les voici qui affûtent en bande organisée des
projets pour tirer parti du drame planétaire et relancer le business
capitaliste. Par devant, le président de la République proclame d’une voix
apeurée que la santé appartient « aux biens et service qui doivent être placés
en dehors des lois du marché». Par derrière, il commande à la Caisse des dépôts
et consignations, bras financier de l’Etat dont l’indépendance a encore été
réduite avec la récente loi « Pacte », un rapport dont l’objectif est
d’accélérer le processus de marchandisation de la santé. Ce même processus qui
nous conduit aux actuelles hécatombes.
Dans
une copie destinée au cabinet élyséen, le service de prospection stratégique de
la Caisse des dépôts prône le désarmement total de l’Etat social et de la
protection des citoyens, la mise en concurrence plus grande des secteurs
publics et privés pour abaisser encore les rémunérations des personnels de
santé. Il propose d’accélérer les privatisations de l’hôpital public avec les
fameux partenariats « public-privé » qui ont tous conduit à des fiascos
sanitaires et économiques. Seules les banques s’en frottent les mains.
Et
rien n’est prévu pour augmenter les dépenses publiques de santé puisque nos
ronds-de-cuir insistent pour maintenir le corset avec le fameux « objectif
national des dépenses d’assurances maladie », tandis que seule la dette des
cliniques privées serait restructurée au-delà des engagements gouvernementaux.
La stratégie des commanditaires de ce rapport est de pousser les feux d’un
capitalisme sanitaire, appuyé sur un capitalisme numérique et financier. Des
catégories de personnels seraient remplacées par une cohorte de start-up
alliées aux grandes compagnies d’assurances comme AG2R ou Malakoff Humanis, des
firmes chimiques comme Astra-Zeneca, des filiales du crédit agricole et de la
banque postale. Et, grande innovation des technophiles du capital, puisque les
banques et la Caisse des dépôts ont garanti ces dernières années
des milliards d’euros aux grands croisiéristes dont l’activité a
spectaculairement chutée, on transformera ces grands bateaux en «
navire-hôpital en contrepartie d’une rémunération ». Inouï !
Ainsi
au cœur de la pandémie, au centre d’un malheur planétaire, les milieux
d’affaires en lien avec des secteurs décideurs de l’Etat réfléchissent aux
moyens non pas de protéger les êtres humains, mais à la meilleure façon de
profiter de la situation. Ceci, en mettant l’épargne populaire à disposition de
la relance d’un capitalisme dont de plus en plus de personnes mesurent les
impasses mortifères. La riposte s’impose. Les débats et les prises de positions
ne doivent pas rester confinés, il faut une entière transparence sur les dettes
des hôpitaux et réclamer leur annulation totale, obtenir une augmentation
substantielle des rémunérations des travailleurs de la santé, le retour sur
tous les conquis détruits des agents du service public, un plan audacieux
d’embauches, la réouverture des hôpitaux fermés, la relance de la recherche
fondamentale.
On trouve bien des centaines de
milliards pour le secteur privé. On doit bien en trouver pour l’hôpital public.
Au-delà, une grande politique de la santé publique dans le cadre d’une sécurité
sociale de la vie doit être inventée, non pas avec les technophile de la Caisse
des dépôts mais avec le concours de tous les intéressés, salariés et usagers.
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