Tous égaux face à l’épidémie ? Mon œil ! (Patrick Le Hyaric)
Ce n’est pas
vrai. Selon que vous soyez « premier de cordée » ou prolétaire, vous
n’êtes pas égaux face à ce foutu virus. Il y a celles et ceux qui ont pu quitter à grandes enjambées les beaux
quartiers de Paris et des grandes villes et doivent parait-il planquer leur
voiture immatriculée 75 derrière leur belles villas avec vue sur la mer, la
montagne et la campagne verdoyante. Et, il y a celles et ceux qui restent
assignés à résidence dans leur cité. Les premiers ont délaissé leurs beaux logements spacieux,
lumineux, tout propres quand les seconds d’Aubervilliers ou de Saint Denis
s’entassent dans de petits logements, parfois insalubres, dont la fenêtre donne
sur le bâtiment d’en face ou sur la froideur d’un parking vide ou encore sur le
désert d’une friche où hier s’élevait une usine textile ou métallurgique,
celles qui auraient pu, aujourd’hui, servir à produire des masques ou des
respirateurs artificiels.
Ces « invisibles » d’hier sont ceux qui
sont au front. Vous savez ces gens « qui ne sont rien « sorti de la
bouche pleine de morgue du monarque. Ils sont personnels soignants, salariés du
public qui entretiennent les écoles, assurent la sécurité, les transports, le
nettoyage, les services communaux, la poste,….Ils nettoient et approvisionnent
les villes jour et nuit, soignent au risque d’être contaminés parce qu’un
état n’a prévu ni masques de protection, ni suffisamment de gel désinfectant,
ni vêtements adaptés, ni tests de détection. L’ état qu’il est censé diriger ,
a été jusqu’à leur dire que masques et tests ne servaient à rien, puis
les a forcés à rester chez eux tout en les appelant à aller voter
puis rejoindre les paysans dans leurs champs ! Leurs enfants, confinés
dans d’étroits appartements, n’ont bien souvent pas accès à la fameuse
« continuité pédagogique », faute d’ordinateurs. Un million d’enfants
n’ont plus de contact avec l’école.
S’ils veulent
prendre l’air (ce qui est très déconseillé), alors les foudres d’un pouvoir
leur tombent dessus avec ces fameuses autorisations à remplir dix fois par jour
pour descendre sur le trottoir ou aller au supermarché sinon c’est le PV
assuré. Ainsi les populations les plus pauvres de Seine Saint-Denis sont au
moins 10% verbalisées plus souvent qu’ailleurs. Ce ne sont pas les mesures
administratives qui nous sortiront d’affaire : ce sont la prévention, les
moyens, le dialogue, l’explication et toujours l’explication.
Les maires
sont les maillons indispensables du lien social et des solidarités. Ou,
ceux que les libéraux ont tant méprisés, à cause parait-il d’un fameux
mille-feuille, non, pas celui de la pâtisserie mais le fameux mille-feuille
territorial qui coûterait trop cher. Tout coûte trop cher au royaume de la
droite macroniste sauf peut-être la mort. Ces morts qu’on pourrait éviter et
qui menacent plus qu’ailleurs en Seine-Saint-Denis tant est grande l’inégalité
face au risque de contamination. Alors qu’à Paris, on compte 77 lits pour
100 000 habitants, ils ne sont que 42 dans ce département déshérité où il
y a peu est venu se pavaner le Premier ministre avec une besace pleine de …
beaux discours. Sa population est pourtant celle qui aujourd’hui est en
première ligne et prend le plus de risques.
Nos larmes ne sécheront pas si vite
après l’annonce de tous ces décès d’anonymes, de médecins, de patrons d’unités
de soins, d’infirmières, de soignants, d’élus qui tous avaient l’autre, les
autres au cœur. Tous victimes, certes d’une pandémie mais d’autant plus
meurtrière qu’elle trouve un système de santé rongé par des années d’austérité
d’une politique inspirée par les froids critères comptables imposés de
Bruxelles. En considérant l’hôpital public comme une entreprise comme les
autres, ont lui a ôté ses défenses immunitaires. Alors que le nombre de malades
ne cesse de grandir, plus aucun hôpital de Seine-Saint-Denis ne peut en
accueillir de nouveaux. Ils sont transportés vers Nantes ou ailleurs tandis que
l’hôpital Jean Verdier de Bondy dépérit !
Oui la
banlieue, et tout le prolétariat urbain porte plainte. Justice doit passer et
advenir. Un ministre des caisses publiques a parlé hier d’une cagnotte
solidaire, visant à faire payer aux pauvres leur solidarité. Et, son voisin de
palier à Bercy a timidement dit aux actionnaires de se modérer sur les
dividendes en attendant que les sans tests, les sans masques, les sans blouses
continue d’aller dans les Ehpad et les unités de soins, quand leur police est
chargé de fouiller les caddies pour détecter ce qui ne serait pas de
« première nécessité » Une idée pour leur réflexion. Que l’on
institue vite un impôt spécial sur les grandes fortunes, sur les sociétés et
les banques cotées en bourse, sur les compagnies d’assurance et sur tous ceux
qui cachent leur fortune dans les paradis fiscaux. Il pourrait s’appeler
« coronacapital » Non ? Il faudra non seulement rendre
justice à celles et ceux qui sont aujourd’hui au front mais leur rendre le
pouvoir. C’est ce qui s’est fait à la Libération. Au grand bénéfice de toutes
et de tous. De l’intérêt général.
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