" L'aveu d'Edouard Philippe ", l'éditorial de Sébastien Crépel dans l'Humanité de ce jour !
Peut-être pris par le vertige
devant l’énormité de la supercherie vendue aux salariés comme prix de leurs
sacrifices, le premier ministre, a eu, jeudi. « Agir sur le droit du
travail(…) peut constituer un outil » contre le chômage, mais « ce
n’est pas le seul », a-t- il lâché. On reste interdit devant une ambition
si brutalement revue à la baisse au moment d’abattre la hache sur le Code du
travail, un geste que le président de la République vantait le matin même dans
un entretien- fleuve comme la « révolution copernicienne » apte à
« libérer les énergies ».
Il y a un échec annoncé dans cet
aveu d’Édouard Philippe. Car le premier ministre sait bien qu’il n’ya pas de
lien entre chômage et niveau de la protection sociale des salariés, toutes les
études le montrent. Mais il y a aussi un avertissement et une justification. Ce
n’est que le début, nous dit l’hôte de Matignon, et, si les résultats ne
suivent pas, ce sera bien la preuve qu’il faut aller plus loin, toujours dans
le même sens – celui réclamé à cor et à cri par le Medef –, sur le « coût
du travail », les retraites, la formation…en exhortant les salariés à
courber l’échine dans l’attente d’un aussi hypothétique, que fumeux volet
« sécurité », en échange de la flexibilité totale imposée
aujourd’hui.
Voilà la nature du pacte
frauduleux proposé au monde du travail. Il serait étonnant qu’il accepte, et la
façon dont les syndicats tordaient le nez à l’unisson hier en dit plus long que
les nuances et les divergences qui les séparent. Et ce n’est pas le concept
frelaté de « codécision » à l’entreprise vanté par Muriel Pénicaud
qui rassurera les salariés. Ceux-ci savent mieux que quiconque que le Code du
travail n’a de sens que s’il sert à les protéger de la position dominante de
l’employeur, laquelle découle du lien de subordination qui unit les premiers au
second. En le niant, la ministre du travail fait table rase des fondements de
plus d’un siècle d’histoire sociale.
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