" Bras d'honneur ", l'éditorial de Jean-Emmanuel Ducoin dans l'Humanité de ce jour !
L’insulte facile révèle parfois
la vraie nature de ses auteurs. Nous savons désormais qu’Emmanuel Macron, usant
et abusant d’un tel degré d’implication verbale pour exprimer sa haine du
bas-peuple et des français qui ne pensent pas comme lui, dirige les affaires de
l’État avec toutes les formes inspirées par le mépris. À commencer par le
principal, le pire, celui qui détermine le sens de son action : le mépris
de classe. Ainsi donc, « la survie de la France » comme il a osé le
dire à Athènes, dépendrait ni plus ni moins de sa « réforme » du
droit du travail…Avant d’ajouter : « Je ne céderai à rien, ni aux
fainéants, ni aux cyniques, ni aux extrêmes. » Mais qu’arrive-t-il à notre
pays pour que des propos aussi rances se rencontrent dans la bouche d’un
président de la République, constituant une sorte de comportement inédit,
indigne de la fonction ? La récidive témoigne non pas d’un trouble de la
pensée mais bien d’une constance de la pensée. Après les « riens »,
voici les « fainéants ». Les fossoyeurs de l’histoire ne sont pas
toujours ceux qu’on croit. Ils fréquentent assidûment le palais et ne savent
absolument pas que les gens de peu demeurent souvent les plus courageux sur le
front des combats…
Ceux qui en ont le temps se
délecteront des explications alambiquées données hier par le porte-parole du
gouvernement, Christophe Castaner, selon lequel le mot « fainéants »
et son pluriel visaient ceux qui n’ont « ‘pas eu le courage de réformer ».
La bonne blague. Non, le chef de l’État a bel et bien insulté ceux qui s’opposent
à sa politique, ceux qui seront dans la rue, demain, pour dénoncer la casse de
leurs droits dans le monde du travail. Au moment où la nation française
aperçoit dans son champ de vision tout ce qui se bricole de plus pourri du côté
du libéralisme, comme par hasard, le pouvoir tente de s’épanouir sur les cimes d’une
très haute vulgarité. Monsieur Macron, qui s’y connaît en cynisme, n’aime
décidément pas les Français. Ces derniers le lui rendent bien ces temps-ci. Et cette
fois, ils vont lui répondre dan la rue. Quant aux « fainéants », qui
sont donc les mêmes, ils adressent d’ores et déjà à ce président le bras d’honneur
des salariés. Ceux qu’il défigure.
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