" Le syndrome des yachts ", l'éditorial de Paule Masson dans l'Humanité de ce jour !
Nicolas Sarkozy n’a qu’à bien se tenir. Il a trouvé rival à sa mesure. Avec la présentation des budgets, de l’État aujourd’hui, de la Sécurité sociale demain, Emmanuel Macron vient de détrôner le « président des riches ». Le bouclier fiscal de 2006 était devenu, pour le chef de l’État qui assumait d’être le VRP des milliardaires, une casserole politique dont le tintamarre a chahuté tout le quinquennat. Le projet de loi de finances, présenté hier en Conseil de ministres, frappe plus fort encore dans le transfert de fonds des revenus du travail vers les sommets de la richesse. C’est l’OFCE qui le dit : « Seuls les ménages appartenant au dernier centile de niveau de vie, les 1 % les plus aisés, devrait voir leur niveau de vie s’accroître… »
Rarement, dans l’histoire fiscale, une telle « redistribution à l’envers » aura été menée. Dans ce paquet d’injustices, les possédants sont à la fête. L’ONG Oxfam a calculé que la transformation de l’ISF en simple impôt sur la fortune immobilière permettra aux 1 % les plus riches d’économiser 3,6 milliards d’euros, 532 millions pour le seul Bernard Arnault, première fortune de France et soutien fidèle du président Macron. Au nom de l’idée maintes fois assénée, jamais démontrée, que libérer le capital permettrait d’investir dans l’économie réelle, les valeurs mobilières, actions, obligations et autres portefeuilles boursiers qui, aujourd’hui, alimentent la machine à cash de la finance ne seront plus taxés.
Déjà assis sur leur trésor, les ménages ultraprivilégiés vont pouvoir dépenser à cœur joie. Pour le fisc, leurs « biens meubles », nom de camouflage des signes ostentatoires de richesse que sont les lingots d’or, yachts, diamants, chevaux de courses et autres voitures de luxe, n’entrent plus dans le calcul du patrimoine. Il paraît que certains députés de la majorité présidentielle s’inquiètent des conséquences politiques de ce « syndrome des yachts ». Nicolas Sarkozy avait entamé son quinquennat en se pavanant sur le yacht de son ami Bolloré. Le culte de l’argent a fini par provoquer sa chute.
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