" Matière vivante ", l'éditorial de Jean-Emmanuel Ducoin dans l'Humanité de ce jour !
L’« après-Fête », ce
moment particulier. Mélange d’espoirs concrets adossés au réel. Du ressourcement.
Et de la matière vivante. Autant l’admettre, nous étions inquiets, la semaine
passée, pour ces climats environnants : la météo bien sûr, qui joua avec
nos nerfs ; et surtout la politique, celle des « gens de gauche »
qui nous passionne autant qu’elle nous énerve quand elle rechigne, çà et là, à
conjuguer raison et esprit à tous les temps. Mais nous voilà requinqués,
confortés ! Tellement que les commentateurs à la petite semaine en ont
pris plein les yeux, même s’ils l’ont tu. L’immense succès de la Fête en dit
long. Et les 550 000 personnes présentes savent mieux que quiconque qu’il
ne s’agit pas d’un exploit, mais d’une performance tonitruante qui va aider la
coloration offensive du début de l’automne social pour s’opposer à la mise en
place par Macron du dernier étage de la fusée libérale. Y voir comme la
confirmation du sondage Ifop publié dans nos colonnes, vendredi dernier :
la contre-réforme du Code du travail ne trouve pas grâce aux yeux des Français.
Pas moins de 66% d’entre eux refusent la loi XXL…Une autre étude Viavoice le
confirme hier : 60% jugent quie les ordonnances vont « accroître la
précarité des salariés » et 68% qu’elles « favoriseront les
licenciements ».
Dire ainsi que la Fête aura servi
de tremplin résonne comme un euphémisme. Nous nous trouvons gonflés par un
souffle porteur, poussés dans le dos. Et ce ne sont pas que des mots. Ce que
chacun a pu vivre en témoigne : ce qui nous rassemble dans cette bataille
reste plus important que les divisions. C’est d’ailleurs le bien commun de la
gauche de transformation. Cette vérité était vraie hier, mais elle l’est plus
encore au lendemain de ces trois jours retentissants.
Vue du peuple de la Fête, cette
vérité a valeur d’exhortation à ceux qui l’oublient parfois, quelles que soient
leurs raisons. Après les premières manifestations syndicales du 12 septembre,
la Fête donne plus de force pour empêcher la promulgation des ordonnances
antisociales. Le gouvernement et le Medef veulent réduire l’humain à sa
fonction d’agent économique au service des puissants. Ce qui arrive devant nous
exige donc un combat quotidien et, soyons réalistes, une ardeur collective qui
doit grandir encore.
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