" Le président des conservatismes ", l'éditorial de Paule Masson dans l'Humanité de ce jour !
Il n’a finalement pas fait le
déplacement, sans doute incité à la prudence par les vents mauvais d’une
popularité en baisse. Mais Emmanuel Macron, si prompt à se considérer comme le
PDG de l’entreprise France n’en a pas moins veillé à soigner le défilé
gouvernemental à l’université du Medef, sur le campus de la très sélective
école HEC. Parmi eux, le ministre de l’éducation nationale et sa consœur de l’enseignement
supérieur, invitée à disserter sur… l’emploi.
Alors que l’exécutif présente
aujourd’hui, les ordonnances qui vont précariser l’emploi à outrance, le
patronat prescrit à l’éducation nationale un traitement de choc libéral, qui se
donne pour ambition de rendre les jeunes « 100% employables ».
Tout se tient. D’un côté, les étudiants ne doivent plus être considérés comme
des futurs citoyens libres d’esprit mais comme une main-d’œuvre en devenir formée pour assouvir les besoins
immédiats des entreprises. De l’autre, les travailleurs sont sommés d’être
flexibles, facilement licenciables. On connaît déjà la feuille de route fournie
par le candidat Macron sur l’enseignement supérieur : sélection
généralisée, avec mise en place de prérequis pour s’inscrire en licence dès
2018, autonomie des universités, bourses au mérite, privatisation.
Le projet nourrit la rupture avec
l’obligation républicaine de donner à tous les élèves sortant du lycée un accès
à l’enseignement supérieur. Le droit aux études est clairement remis en cause
pour les jeunes issus des milieux modestes, déjà victimes d’un quotidien de
discriminations. Les quelques « méritants » seront orientés vers un
parcours imposé. Le Medef trouve là un débouché inespéré à sa définition
élitiste, militariste et reproductrice des inégalités sociales de la formation.
Si comme le disait Nelson Mandela, « l’éducation[
est l’arme la plus puissante qu’on puisse utiliser pour changer le monde »,
alors Emmanuel Macron apparaît pour ce qu’il est : un président de plus
des conservatismes du vieux monde.
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