" Chocs d'images et d'idées ", l'éditorial de Patrick Apel-Muller dans l'Humanité de ce jour
Dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne, dans un quartier bouclé par des centaines de CRS, Daniel Cohn-Bendit était venu soutenir le président de la République présentant sa vision de l’Europe. Choc d’images et coup de vieux… L’insolence et la rébellion étaient définitivement ailleurs : des centaines de jeunes manifestants tenus à l’écart par les cordons de policiers conspuaient Emmanuel Macron et rappelaient leurs déplorables conditions d’études, souvent assis par terre et sans enseignants. Autour du chef de l’État, quelques étudiants triés pour figurer sur la photo.
Le même jour, le Monde, qui s’est illustré par un soutien de tous les instants au macronisme en marche, laissait percer un doute sur la pensée de Karl Marx, « qui, allez savoir, pourrait resservir un jour » et « s’appliquer, sans en changer un iota, aux sociétés postindustrielles d’aujourd’hui ». De quoi donner envie à ces millions de jeunes Français qui sont révoltés par l’injustice violente du système de plonger dans ses ressorts, de chercher les voies de l’émancipation, comme le firent le jeune philosophe allemand et son ami Engels, et d’y nourrir leurs propres pensées. Le film de Raoul Peck, qui sort aujourd’hui sur les écrans, est une invitation au voyage dans une formidable épopée intellectuelle, exigeante et rigoureuse, frottée aux réalités sociales, grandie dans un engagement politique. Au-delà des « rêveries sentimentales » et des pulsions de révolte.
Aujourd’hui aussi, l’ancien régime quête des habits neufs et le capitalisme cherche à élargir brutalement ses dominations. À l’épreuve des faits et du temps, les idéologues en cour voient se fendiller l’armure des idées toutes faites. Certains balancent entre le retour au conservatisme d’antan et une modernité de pacotille. Dans le continent Marx, il y a bien plus à explorer et de richesses à puiser pour l’avenir.
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