Une " adhésion " ?, l'éditorial de Jean-Emmanuel Ducoin dans l'Humanité de ce jour !
Tout à leur morgue déployée, de
nombreux caudataires du chef de l’État et d’En marche ! y vont de leur interprétation pour le moins
prématurée. L’ineffable Gérard Collomb déclare que le premier tour des
législatives signe « une réelle adhésion aux réformes que nous avons
commencé à mettre en œuvre ». D’autres parlent de « plébiscite ».
Que doit-on penser ? Deux choses. Primo : que le pouvoir hégémonique
en vue, qui s’apparente à une véritable OPA opérée par la verticalité
absolutiste de la monarchie républicaine, monte vite à la tête. Secundo :
que le déni de réalité, cette vieille tare de la Vème République, n’en
finit pas de provoquer, par soubresauts successifs, une crise démocratique si
grave qu’elle menace les fondements mêmes de le représentativité politique. Qu’on
en juge.
L’Humanité se targue d’avoir
titré en « une » lundi matin sur un évènement considérable dans notre
histoire politique, à savoir le taux d’abstention, 51,29%. Il ne s’agit pas d’un
recor sous la Ve, comme cela a été dit un peu rapidement, mais bien
du record de tous les records à des élections parlementaires, depuis l’instauration
du suffrage universel…en 1848. Prenons le mesure, car nous évoquons là l’élection
séculaire de la République, celle qui accorde au peuple souverain la
possibilité d’élire des représentants afin de voter des lois. Or plus de la moitié
des électeurs inscrits ne se sont pas déplacés, auxquels il convient d’inclure les
non-inscrits (3 millions) et les mal-inscrits (6 millions). Bilan accablant :
près des deux tiers des Français en âge de s’exprimer n’ont pas exercé leur
droit. Ce à quoi nous assistons ressemble à une mort lente de la démocratie
telle qu’elle a constitué notre histoire républicaine. On aurait tort de n’y
voir aucune coïncidence, de ne pas évoquer une crise de régime potentielle. Et les
macronistes feraient bien de mesurer les conséquences de leurs mots…
Dans ce contexte ahurissant, nous
savons très bien que le second tour s’avance devant nous avec une seule
perspective crédible, celle de « sauver les meubles » comme on dit
dans ces cas-là. Mais attention quand même. Ce qui ressemble hélas à un maudit « sauvetage »
reste fondamental ! Dans une quarantaine de circonscriptions, les citoyens
peuvent en effet élire des député-e-s de la gauche de combat, et ce nombre en lui-même, aussi dérisoire qu’il
puisse paraître après tant d’espérances déçues, modifierait le paysage
parlementaire. Un vrai pôle de résistance verrait ainsi le jour. D’abord pour
lutter conte la régression sociale en marche ; ensuite pour préparer l’avenir
et la reconstruction d’une perspective de gauche pour la France. Rassemblement et
mobilisation sont donc à l’ordre du jour d’ici au 18 juin. L’affaire est plus
sérieuse qu’on ne le croit.
Soyez le premier à commenter !
Enregistrer un commentaire