" En toute responsabilité ", l'éditorial de Maurice Ulrich dans l'Humanité de ce jour !
Effacé par l’élection du
président de l’Assemblée, le couac, comme on a dit, entre le ministre de l’Agriculture
et Nicolas Hulot est sans doute un peu plus qu’une anecdote par ce qu’il
signifie. En clair, cette majorité frémissante d’hier pourra-t-elle ignorer longtemps
les contradictions qui ne vont pas manquer de surgir dans la société. Il y a
comme une illusion lyrique du macronisme. Jusqu’où ? Avant-hier, à la
bourse du travail de Paris, François Ruffin, Clémentine Autain, Éric Coquerel,
André Chassaigne, des représentants de plusieurs associations et syndicats se
sont rassemblés face à la loi travail et ce que l’on en sait. Muriel Pénicaud
peut tortiller comme elle veut, avec son expérience de DRH du groupe Danone, ce
qu’il en sera du texte qu’elle doit présenter demain et de ses orientations, l’objectif
est clair. Assouplir les salariés, faciliter les licenciements, donner aux
entreprises le pouvoir de tirer les salaires à la baisse, les horaires en
hausse…
Emmanuel Macron n’a pas caché son
objectif : une loi El Khomri XXL. Le rassemblement d’avant-hier soir n’est
évidemment qu’une étape. De même que celui, hier midi, de plusieurs syndicats d’Île
de France devant l’Assemblée, salué par les députés communistes et ceux de la France
Insoumise. On parle, de manière assez schématique, de troisième tour de la
rentrée. C’est en réalité une vision un peu courte. 70% des Français étaient
contre la loi El Khomri. Emmanuel Macron et son premier ministre peuvent se
prévaloir de leur majorité à l’Assemblée, mais ils ne peuvent occulter le fait
qu’ils représentent moins de 15% de la population du pays. Ce qui va se jouer
dans les semaines à venir, pendant les vacances elles-mêmes, c’est une
véritable bataille idéologique, une bataille des consciences. La France va-t-elle
choisir la régression ou le progrès social, la marche arrière ou la marche
avant ? C’est à cette question que les députés, les syndicats devront
répondre. En toute responsabilité historique.
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