" Bouillonnements sous les cendres " l'éditorial de Patrick Apel-Muller dans l'Humanité de ce jour !
Emmanuel Macron détient les
pleins pouvoirs à l’Assemblée, mais le pays ne lui a pas accordés. Les 58% d’abstentions
– un record absolu sous la Vème République – signent un tremblement
de terre démocratique, une motion de défiance à l’égard de l’édifice politique
qui se dessine. Le système pervers qui indexe l’élection des députés sur celle
du président, le dégoût des régimes précédents qui se sont succédé sans rien améliorer
des conditions de vie des Français, le sentiment que le scrutin était joué d’avance
et que le Parlement jouerait un rôle accessoire, la disparition au second tour
de candidats qui présentent de vraies alternatives se sont additionnées pour
réduire la participation à une minorité. Les élus En marche ! qui vont se
bousculer au Palais Bourbon ne mesurent pas que sous les cendres des grands
partis qui dominaient jusqu’alors notre vie politique, bouillonne une puissante
insatisfaction sociale qui ne reconnaît pas dans un système démocratique
corseté. Un parlement aux ordres ne relèvera pas les défis de l’égalité et de
la justice.
François Hollande a laissé
derrière lui une gauche en ruine qui ne reporte que quelques dizaines de
députés. Le PS est exsangue et tous ses représentants – frondeurs ou pas –
paient le discrédit de cinq ans de reniements et de conversion libérale. PCF et
FI à l’heure où nous écrivons ces lignes n’ont pas capitalisé les presque 20%
qu’avait recueillis Jean-Luc Mélenchon lors de la présidentielle. La division a
brisé l’élan. EELV a disparu de l’hémicycle du Palais Bourbon. Le chantier de
reconstruction est immense.
La droite a maintenu des
positions dans ses zones historiques d’influence. Mais l’addition est extrêmement
lourde et LR est miné par les tentations macronistes, lézardé par l’influence
des nouveaux réacs, nié dans sa vocation par le programme commun de la
bourgeoisie qu’a présenté Emmanuel Macron, menacé sur son flanc droit par le FN
qui, s’il ne transforme pas son score de la présidentielle, fait cependant rentrer
des ténors dans l’hémicycle.
Les semaines qui viennent vont être
marquées par les régressions sociales programmées dans la réforme du Code du
travail. Une nouvelle alchimie devra s’envisager entre les forces politiques
progressistes, les mobilisations syndicales et tout le tissu citoyen qui n’est
pas près à renoncer au progrès. De quoi inventer – au coude à coude - de nouvelles façons de faire du commun. En
commun.
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