" Dans les pas de Merkel ", l'éditorial de Gaël De Santis, dans l'Humanité de ce jour !
Trois pays européens, trois
drames. Le 14 juin, une tour de HLM londonienne s’est embrasée, malgré les
demandes répétées des locataires de rénover l’immeuble. 79 personnes ont péri,
mettant en lumière une société blessée par les injustices sociales. Le lendemain
l’Euro-groupe n’accédait pas à la demande du premier ministre grec, Alexis
Tsipras, de restructurer la dette de son pays. Il faudra attendre les élections
allemandes, lui a-t-il été répondu. Les jeunes privés d’emploi qui quittent le
pays, les malades qui errent dans les hôpitaux sans moyens attendront donc. Et
depuis ce week-end, les pompiers portugais, dont les capacités sont affectées
par des années d’austérité, ont eu bien du mal à lutter contre le feu. Au
sommet européen de jeudi et vendredi, le premier auquel participe Emmanuel
Macron, ces drames ne sont pas à l’ordre du jour. Peut-être seront-ils évoqués.
Car même chez les dirigeants européens, surgit une prise de
conscience. »Les classes moyennes se sont mises à douter » - les
autres n’existant pas… –, et il y a donc besoin d’« une Europe qui
protège », s’inquiétait jeudi le président Français dans un entretien à
huit quotidiens européens, dont le Figaro.
Une prise de conscience
bienvenue. Sauf que la moisson de réformes qu’entend défendre Macron est fort
maigre : une évolution du statut de travailleur détaché en guise de lutte
anti dumping ; une dosette de gouvernance économique qui ne fera qu’aider
à appliquer les dogmes actuels ; et une Europe de la défense dont il est
précisé qu’elle participera à la course aux armements.
Quant à la méthode, elle
s’inscrit dans les pas de ses deux prédécesseurs à l’Élysée : s’arrimer au
char d’Angéla Merkel, gardienne du crédo de la baisse des dépenses publiques,
pour espérer peser à la table des négociations. Même s’il n’y a pas
d’« accord sur tout », France et Allemagne ne doivent plus se rendre
à un sommet « sans une position commune », et « demander aux
autres d’arbitrer nos désaccords », avance Macron. À Bruxelles, notre président
a choisi ses alliés. Enfin, son alliée.
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