" Façon puzzle ", l'éditorial de Maurice Ulrich dans l'Humanité de ce jour !
À deux jours des législatives, la
crise politique qui mine le pays depuis des années, exacerbée par le
quinquennat de François Hollande et les promesses trahies, semble devoir
aboutir à ce qu’au nom du renouvellement émerge des urnes la politique la plus
libérale que le pays ait jamais connue depuis des décennies. Emmanuel Macron et
son gouvernement n’ont cessé de biaiser depuis une semaine avec le contenu de
la loi travail. Mais sa logique est claire. Il s’agit d’exploser le Code du
travail façon puzzle, pour reprendre la célèbre phrase des Tontons flingueurs. C’est
bien le terme qui convient avec cette volonté d’en finir avec l’ambition
collective et partagée du progrès social, avec l’idée que la loi et les
conventions collectives sont la protection des salariés contre les empiètements
permanents, voire le rouleau compresseur de la quête du profit, de la pression
sur le coût du travail.
Ce n’est pas le moindre des
paradoxes de cette situation que nombre d’électeurs de gauche semblent aujourd’hui
fascinés, captivés par l’oiseleur, à rebours de ce que furent les combats de la
gauche. Cela au point d’être en mesure de donner dans une confusion totale des
voix de gauche et de droite une majorité sans précédent au président de la
République pour mettre en œuvre sans discuter cette politique. Et ne tournons
pas autour du pot. Quelles que soient les arguties du premier ministre et de la
ministre du travail, la décision annoncée de légiférer par ordonnances est bien
un déni de démocratie. Comme le 49-3, les ordonnances sont sur ce point de la
loi qui, selon un mot de chateaubriand, permet de « confisquer » la
loi.
La réalité, quand bien même elle
reste voilée pour beaucoup, c’est que ce pouvoir s’annonce bel et bien
antisocial et autoritaire. Il est bien tard pour lever le voile2 et rompre le
charme. Il ne l’est pas pour poser des jalons, faire naître le doute, tout
faire pour qu’existe au Parlement une véritable force d’opposition qui ne peut
venir que de gauche.
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