Des rails et des classes !
Editorial, par Michel Guilloux.
C’est le cadeau anticipé de la réforme ferroviaire voulue par le gouvernement Valls.
AFP
La réunification en trompe-l’œil de Réseaux ferrés de France – chargé des infrastructures – et de la SNCF doit entrer en vigueur le 1er janvier. Bonne année les usagers : les tarifs des trains vont bondir de 2,6 %, ajoutant du feuillage à une grille tarifaire déjà réputée pour relever du maquis. La décision a été applaudie par la tutelle des transports et, plus curieusement, par le ministère de l’Écologie. Cela permettrait d’améliorer la qualité de service aux voyageurs. Mais alors, si tel est le cas, pourquoi ne pas augmenter le montant des billets de 26 %, la qualité s’en trouverait décuplée… Avant une loi Macron dont le promoteur peu adepte de l’autocensure, comme de la seconde classe, réserve aux pauvres et illettrés la modernité des autocars, l’annonce signifierait-elle que le vert n’est, pour ce gouvernement, que le vernis de l’injustice sociale ? On n’oserait y croire… Ceux qui, au printemps dernier, ont fustigé la grève menée par les remparts du service public que sont les cheminots devraient s’en souvenir avant de parler classe… ouvrière. « Le monde ouvrier a fait avancer l’histoire. À travers sa participation au dessein économique de notre pays, bien sûr. À travers, surtout, la prise de conscience de lui-même, ses luttes syndicales, sociales, politiques », a expliqué le chef du gouvernement, samedi, en se rendant à Liévin aux commémorations de la catastrophe minière de 1974. Manuel Valls s’est souvenu in fine que la France comptait toujours « plus de 6 millions d’ouvriers ». Et encore n’intègre-t-il pas dans ce décompte les chômeurs, techniciens, ingénieurs de production qui concourent au rapport de classe… Retrouver la conscience collective de soi face à une classe de possédants qui n’a plus que la haine à offrir pour diversion : cela reste un beau programme à écrire. Au présent.
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