Création culturelle : Une ambition portée par les élu-e-s communistes de Seine-Saint Denis
Comme cela m’arrive parfois, je suis allé fureter dans ma bibliothèque. Pas trop pour y mettre de l’ordre, mais plus simplement parce que les livres sont tout à la fois une manière de s’offrir un moment de liberté, nourrir son imaginaire mais aussi de faire renaître quelques souvenirs.
C’est précisément l’un d’entre eux que je viens de redécouvrir avec un plaisir non feint. Certains nous diront parlant des livres qu’il y a « les humbles et les obscurs ». Ceux qui dorment sur des étagères, à l’abandon de la poussière, des livres de petit standing, mis à l’abri du markéting. Ce n’est pas faux et pour tout dire c’est cette idée qui ma traversé l’esprit en redécouvrant l’un de ceux-ci : « Les nuits de Romainville » écrit par Paul-Louis Rossi. C’est pourtant une belle histoire qu’auront vécu les habitants de Romainville. Je ne résiste pas au plaisir de vous la conter.
En 1986 le Conseil général de Seine-Saint-Denis avait décidé d’apporter un soutien actif à la création littéraire française en permettant chaque année à trois auteurs d’écrire un livre en toute liberté. C’est ce qu’ont pu vivre 51 écrivains de 1986 à 2006. Au départ le Conseil général allouait une bourse à un auteur qui s’inscrivait dans une optique de résidence dans une ville du Département. C’est cet événement que Romainville et Paul louis-Rossi ont vécu en 1997. Bibliothèque, rues, immeubles, cafés, scolaires, lieux associatifs, maison de retraite, Trianon, visites chez l’habitant… partout où cela fut possible l’auteur s’est frotté durant des mois à l’espace public, devant des personnes parfois peu rompues à la lecture. Dialogues, rencontres, ateliers d’écriture, lectures publiques, autant d’occasions de placer le livre au cœur de la cité. C’est ainsi que sont nées « Les nuits de Romainville. Le 17 janvier, Paul-Louis Rossi nous avait fixé un rendez-vous. Lorsque son ouvrage serait écrit il devait nous rendre visite. Ce jour est arrivé le 14 novembre 1998. Je vous livre les quelques mots que j’avais alors prononcés à cette occasion. Ils accompagnaient ce livre que j’ai redécouvert.
« L’extraordinaire aventure que notre ville a partagé avec Paul-Louis Rossi conforte le Conseil général dans ses choix d’inviter chaque année trois auteurs à écrire un livre en toute liberté et à rencontrer les gens, les personnalités, les institutions et les lieux de Seine-Saint-Denis dans une relation concrète de partage, d’expériences dans l’exercice d’une citoyenneté active qui donne toute sa place à la création littéraire, à la lecture et l’écriture dans le quotidien des habitants de notre département ».
« Je me plais à dire que la vraie bataille pour la lecture est celle qui conduit nos concitoyens à prendre leurs affaires en main. Car les affaires, le destin et toutes les grandes décisions se prennent en effet en mains. Le livre aussi à proprement parler. En ces temps d’excès et de démesure n’est-il pas rassurant de constater qu’un livre tient toujours entre les deux mains, qu’il est toujours à échelle humaine ? Il n’est de livres que de mains. Fut-il de poche, de luxe, broché ou relié, papier bible ou recyclé, tout livre ne se livre qu’entre vos mains. Quel plaisir de flatter une couverture, de caresser les pages, de soupeser l’ensemble, puis lisant, d’avancer, de revenir, librement, sans compte à rendre. Lecture silencieuse, solitaire, collective ou à haute voix. Tout est possible, lire en diagonale, commencer par la fin, picorer parmi les pages, interrompre puis reprendre plus tard la lecture. Plus tard ou ailleurs, car chaque lecture baigne dans un environnement singulier. Et celui-ci, n’étant pas un simple décorum, agit et transforme le contenu de la lecture ».
Si lire est avant tout choisir, il s’agit donc d’un acte volontaire, individuel et par conséquent profondément intime. Dans une période où le culte de la performance, de l’efficacité et de la rentabilité se trouve valorisé à outrance jusqu’à devenir une valeur étalon et un idéal, lire est plus que jamais un acte de résistance et de liberté…Toucher un livre, c’est adresser une poignée de mains aux lecteurs d’hier et de demain. De plus un livre n’est jamais fortuitement entre vos mains. Il vous est offert, c’est un cadeau, une marque d’estime, d’amitié ou d’amour… Lire, c’est vraiment avant tout choisir. Choisir « un » livre. Choisir sa lecture. Choisir le moment, le rythme. Lire c’est choisir de vivre mieux, de voir plus large, de penser plus profond, de ressentir plus fort. Lire, c’est être moins vulnérable, moins dépendant, donc plus autonome et plus libre. Certains livres longtemps attendus doivent se mériter, ils exigent de nous une lecture de qualité, attentive, patiente et exigeante ».
« Pas de temps mort, de calme plat dans la traversée de ces quelques 160 pages. J’ai pour ma part retrouvé au fil du récit, cet homme débordant de simplicité, calme et réservé, l’esprit toujours en éveil, celui avec lequel nous avons partagé durant une année des moments de joie, de plaisir et de bonheur et au cours desquels nous avons approfondi son travail d’écrivain, de poète. Un poète sensible, exigeant, qui nous offre avec « Les Nuits de Romainville » un livre digne des habitants de notre ville et de leur affection ».
« Il entraîne ses lecteurs dans un récit débordant de surprises, de rêves, d’étonnements qui laisse à notre imagination la part belle. Faisant peu de cas des contraintes du temps et de l’espace, puisant à pleines mains dans des sources multiples, Paul-Louis Rossi a composé un objet sincère, vrai, qui pourra vous apparaître un peu fou, mais qui me semble nourrir d’autres ambitions que de faire partager la griserie éprouvée et à inventer et raconter de belles histoires. Il y a là une maîtrise, une culture, un plaisir exprimés avec un souci d’extrême précision. Paul-Louis Rossi est un formidable flâneur qui sait voir derrière les palissades, et au détour des rues, des sentes et des jardins la beauté d’un secret. L’imaginaire surgit derrière une virgule, emportée par cette écriture presque trop achevée si elle n’avait, bien sûr, pour but, elle aussi, de dissimuler pour après révéler. C’est un récit tout de sensualité, de désir, du goût des choses simples et cependant cruciales au vif de notre temps »….
Si j’ai cru bon de raconter cette histoire, ce n’est pas pour ressasser un passé ou faire preuve de nostalgie. Non en redécouvrant cet ouvrage je l’ai mis en relation avec les attaques répétées et systématiques des maires de droite contre la création artistique. Fruit de tant d’années d’engagements des élu-e-s communistes de Seine-Saint-Denis. Au Blanc-Mesnil avec la remise en cause de la convention entre la municipalité et le « Forum ». À Saint-Ouen avec une baisse de 84% du budget culturel. Et c’est au tour de Bobigny de voir planer des menaces sur la Maison de la Culture 93. Alors que ces structures sont fréquentées par 70% des populations, c’est au nom des économies nécessaires et « d’une culture qualifiée d’élitiste » qu’est ainsi remise en cause une politique culturelle qui fait honneur à celles et ceux qui contre vents et marées ont eu le courage de la porter avec fierté. Au premier rang desquels se trouvent Georges Valbon et Daniel Mongeau. Des propos, et je peux en témoigner, entendus de tout temps sur les bancs de la droite, mais malheureusement, parfois relayés par les élu-e-s du Parti socialiste.
Faudrait-il qu’une petite minorité seulement, détentrice des clefs du savoir, puisse prétendre au monopole de la qualité, le bon peuple étant condamné au formatage et au « divertissement de masse » ? Étrange conception, en vérité, du respect des êtres humains, de leur égale dignité et partant, de la démocratie. Et n’ayons garde d’oublier que ces attaques contre la création artistique ont lieu dans un contexte de baisse du budget de l’État alloué à la culture pour la troisième année consécutive.
Enfin il est une dernière raison qui m’a conduit à faire ce petit détour par Romainville. Les 22 et 29 mars auront lieu les élections départementales. Elles seront un moment important du rassemblement pour ouvrir le chemin d’une alternative politique gagnante. Les communistes vont à cette bataille pour protéger l’action publique, les services publics et la démocratie locale. Car et c’est un enjeu d’importance, les communistes seront les seuls à ne pas s’engager dans cette campagne électorale pour dire à nos concitoyens : « Votez pour nous à ces élections car ce sont sans doute les dernières ». Quelle imposture ! Qui demain, pour m’en tenir à l’Île de France sera en mesure de porter ces politiques créatrices, celles qui ont permis à un département comme la Seine-Saint-Denis d’être un territoire d’innovation, de savoir-faire et de solidarité.
Robert Clément
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