Une charte du citoyen pour une fabrique démocratique de la ville !
Les élu-e-s de la majorité municipale ont invité la population à travailler à l’élaboration d’une charte du citoyen. Trois réunions se sont tenues. Il convient de saluer une telle initiative, à condition qu’elle ne soit pas conçue comme un faire valoir, dont les objectifs énoncés resteraient lettre morte. Nous en avons fait l’expérience dans notre ville depuis 2001. C’était l’époque de la « démocratie participative ». Conseils de quartier, budget participatif, ateliers urbains, devaient être au cœur de cette démarche. Les conseils de quartier se sont éteints au bout de quatre années de fonctionnement, le budget participatif n’aura jamais vu le jour. Quant aux ateliers urbains, ils sont le plus souvent cantonnés à des échanges sur des projets, sans que les opinions des habitants aient réellement été prises en compte. Il s’agissait davantage d’approuver des projets déjà ficelés.
Nous souhaitons donc que les
enseignements de ces expériences puissent être tirés afin que cette charte en
cours d’élaboration réponde aux voeux des habitants. "Ils désirent comme
certains d’entre eux l’ont exprimé au cours de l’une des réunions, être impliqués en amont et reconnus comme force de
proposition. Il est important, disent-ils, de valoriser les idées qui viennent des citoyens,
de rendre visible les résultats de la participation ».
Nous partageons l’ambition
énoncée par cette charte : « Être citoyen, c’est être un homme
ou une femme et participer à la vie de la cité sous un forme ou une autre… C’est
vivre sa ville et avoir envie de s’y investir. Être citoyen, c’est un
engagement. C’est être solidaire, à l’écoute et faire des choses pour les
autres, pour demain. La citoyenneté n’est pas conditionnée par le fait de
disposer de la nationalité française et ne se limite pas au seul fait de voter…
La citoyenneté ce sont des droits et des devoirs »...
Ces principes étant énoncés, nous
souhaitons apporter quelques observations afin que cette nouvelle initiative de
démocratie locale ne se termine pas comme celles qui l’ont précédé.
1/ Permettre à chacune, à chacun de s’investir, de
participer à la vie de la cité exige en tout premier lieu de revoir de
fond en comble la communication municipale, qui pour l’heure ne fait que
rendre compte d’initiatives, et encore très partiellement, sans que les
habitants aient droit au chapitre. Susciter la participation des citoyens,
c’est donner envie, c’est leur fournir les éléments d’information
susceptibles de las motiver. Or dans le magazine d’information municipale,
leur point de vue est rarement requis. Il n’existe même pas un courrier
des lecteurs. Alors que le vote du budget municipal constitue l’acte
premier de la vie d’une commune, depuis de très nombreuses années son
compte rendu tient en une page, sans
qu’aucun chiffre ne soit énoncé. Les dépenses de personnel,
Mystère ? Les dépenses d’investissement et de fonctionnement ne sont
même pas indiquées. Aucun habitant ne connaît la part accordée aux
différents secteurs d’activité (éducation, culture, sport, caisse des écoles,
Centre Communal d’action sociale…) Quelle sont les évolutions constatées d’une
année sur l’autre, c’est un autre mystère. Voilà donc un des premiers
chantiers à travailler pour favoriser cette envie d’être citoyen à part
entière avec ses droits et ses devoirs.
2/ En second lieu dans l’un des compte rendus il est à juste titre indiqué, « que
le dialogue ne doit pas être sectorisé, qu’il ne faut pas solliciter les
Romainvillois en fonction de leur lieu et de leur cadre de vie ». Cette
réflexion est judicieuse. Encore faut-il tirer enseignement des
différentes concertations, comme celles par exemple du quartier Cachin et
notamment du déplacement du marché ? Force est de constater que « la
concertation » s’est limitée aux seuls habitants du quartier alors qu’elle
concernait l’ensemble des habitants de notre ville;
La démocratie locale s’est essentiellement
développée ces dernières années autour des projets immobiliers, et il faut
avoir l’honnêteté de le reconnaître sans que l’opinion des citoyens ait été
prise en compte et entendue. Par ailleurs, la vie d’une cité ce sont des
projets d’aménagement et d’urbanisme, mais ce sont aussi tout ce qui fait
la vie quotidienne. Pourquoi ne pas imaginer des ateliers, des tables
rondes, pour mettre en débat, les questions touchant à l’emploi, à la
formation, à la culture, à l’habitat, à la transition énergétique. La
définition de ces politiques ne peut se passer de la parole des citoyens. « La
ville va entamer en mai l’élaboration d’une charte du dialogue citoyen. Tous
les Romainvillois sont invités à participer à la rédaction de ce document
qui posera les bases d’un dialogue constructif et favorisera la,
participation citoyenne » Tel est le titre de l’article du magazine
du mois de mai annonçant cette initiative. Alors allons-y !
3/ Il est enfin une autre question qui mérite attention. Il s’agit de la vie associative. C’est une donnée incontournable qu’il convient de prendre en compte. D’abord pour saluer l’ensemble des bénévoles qui se dépensent sans compter et dévouement au service de leurs adhérents. Il est d’autant plus important de le souligner que la crise démocratique est une réalité qu’il serait vain de nier. Cela devrait conduire, la municipalité à engager avec les associations concernées une sérieuse réflexion. Les lieux de réunions se sont réduites à la portion congrue. Trouver un lieu devient pour beaucoup un parcours du combattant. La maison des associations a laissé la place à une opération immobilière. La démocratie a un prix. Et il n'est pas irraisonnable de revenir à une aide plus conséquente de la collectivité locale, comme ce fut le cas par le passé, en matière d’information. Nous ne doutons pas que la réflexion des citoyens de notre ville permettra à cette initiative de répondre à leurs aspirations dans le respect des « avis différents"
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