La mémoire des pierres
Par Patrick Apel-Muller
Mercredi, 12 Novembre, 2014
Editorial. Un mur est tombé, l’autre se dresse comme un monument d’injustice et de brutalité. De ses deux côtés, retentissent à nouveau les clameurs de colère.
Une nouvelle fois, les enfants de Palestine jettent des pierres face aux casques lourds et aux blindés. Les soubresauts du Moyen-Orient n’ont pas étouffé l’aspiration d’un peuple écartelé entre l’exil, Gaza et la Cisjordanie à échapper à l’apartheid de chaque jour, aux spoliations qui lui arrachent des maisons et des oliviers, à la botte de Netanyahou, qui lui dénie son indépendance, à la précarité de l’existence. Les affrontements de l’esplanade des Mosquées, les manifestations sauvagement réprimées par l’armée israélienne à Hébron, le souvenir d’Arafat brandi comme un étendard confirment qu’il n’est plus possible d’attendre, que le monde ne peut détourner les yeux, qu’il est temps – grand temps ! – que la Palestine soit enfin indépendante et libre, dans des frontières aussi sûres que celles de son voisin d’Israël. Le gouvernement français porte une lourde responsabilité. Celle d’avoir encouragé et justifié la guerre contre Gaza par la voix de son président. Mais il pourrait se réhabiliter en renouant avec le souffle de la politique historique de la France dans cette région du monde. Il en a la faculté en reconnaissant officiellement un État palestinien. La Suède l’a fait, d’autres pays s’y préparent, les parlementaires communistes qui ont déposé une résolution en ce sens lui en donnent l’occasion. Les élus de toutes les formations sont mis devant leurs responsabilités : admettront-ils qu’un peuple soit toujours privé de reconnaissance internationale ? Laisseront-ils le pouvoir israélien saboter une reprise des négociations en multipliant les provocations et en suscitant les tensions ? Se tairont-ils quand les boutefeux veulent transformer un combat pour l’indépendance en guerre de religions ? Resteront-ils dociles dans les pas des États-Unis ? Personne ne peut compter sur l’extinction des douleurs palestiniennes. « Nous souffrons d’un mal incurable qui s’appelle l’espoir », écrivait leur poète, Mahmoud Darwich.
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