Entre vrais enjeux et enfumage des esprits ! (Robert Clément)
Il peut arriver qu’au
lendemain d’un réveillon de nouvel an, nous soyons pris d’un mal de tête. Si
tel est le cas, je ne vous conseille pas de vous plonger dans une revue de
presse accablante. Je m’y suis tout de même essayé et figurez-vous que le léger
mal de tête s’est transformé en nausée. Il n’aura pas fallu attendre longtemps pour
que la machine médiocratique se mette en marche pour cette dernière année nous
séparant de l’élection présidentielle. Les titres sont tous du même acabit. Les
français ne veulent plus de Sarkozy et de Hollande ! Valls est bien placé dans
les sondages ! L’homme politique de l’année est Macron ! Alain Juppé est loin
devant ! 76% des français ne souhaiteraient pas que Jean-Luc Mélenchon se
présente au scrutin présidentiel ! 85% penseraient la même chose concernant
Cécile Duflot ! Marine Le Pen est en embuscade ! Voilà à quoi se résumerait
l’échéance de 2017. Pourquoi parler projet politique puisqu’à quelques nuances
près, toutes et tous ne sortent pas des logiques du capital financiarisé ?
Cela augure bien de
la bataille idéologique que les forces de la gauche de transformation sociale
et écologique doivent engager dans l’année qui vient pour imposer le seul débat
qui vaille : celui de la construction d’un projet alternatif, simple et
crédible pour redonner consistance aux valeurs républicaines, pour convaincre
de l’impossibilité pour notre société à perdurer sur des schémas inégalitaires,
pour aider le monde du travail et de la création à retrouver espoir, courage et
audace pour combattre les politiques au service de l’ordre capitaliste.
Les médias totalement
voués à son service sont cependant conduits à prendre en compte l’aspiration au
changement, même confuse, à laquelle aspirent nos concitoyens. Alors, VALLS
pourrait être l’homme de 2022. Mais la palme va à Emmanuel MACRON. Le Figaro,
vient de rendre son verdict le ministre de l’économie est la personnalité
économique de l’année 2015, devançant largement ses dauphins que sont Mark
ZUCKERBERG et Mario DRAHI. C’est peu dire !
Quoi d’étonnant de
voir le journal de DASSAULT accordé sa palme à ce libéral assumé. Lui qui a été
à la manœuvre dans l’élaboration du pacte de compétitivité. Lui qui a été si
utile aux locataires de l’Élysée et de Matignon pour faire sauter les verrous
idéologiques du PS. Lui qui est de tous les combats contre des 35 heures, le
statut des fonctionnaires ou le travail des jeunes. Du coup il pourrait devenir
le prochain sauveur suprême tant il est adoubé par la droite et les libéraux du
PS. N’est-il pas pour reprendre la formule du journal en question, le meilleur ministre de L’économie de
droite que la gauche a jamais eu ?
J’évoquais, le patron
du Figaro en la personne de Serge DASSAULT. Il se trouve qu’aujourd’hui ce
dernier nous gratifie d’un long article, sous la forme d’une présentation de
ses vœux à ses lecteurs. Oui il s’agit bien de lui. Vous savez, celui qui est
mis en examen pour « achat de votes » « complicité de financement illicite de
campagne électorale » « financement de campagne électorale en dépassement du
plafond autorisé. Celui qui serait récompensé en dédiant à son nom une partie
de la rue Jean-Jaurès à Corbeil. À vomir !
Oui c’est lui qui ce
matin, nous vend, d’une certaine manière, le programme de celui qui serait le
prochain président de la République.
En voici quelques
morceaux choisis :
« L’état d’urgence,
prolongeons-là autant qu’il le faudra. »
« La déchéance de
nationalité pour les binationaux est une autre évidence. »
« Un pays, une
société a besoin pour vivre de toutes ses composantes, il faut des riches et
des moins riches.
« Aucun pays au monde
n’a jamais réussi en organisant la chasse aux riches. »
« Il convient de
modifier de fond et comble notre régime fiscal, en supprimant l’ISF, et en
transformant l’impôt sur le revenu, aujourd’hui progressif à taux variable, en
un impôt proportionnel à taux fixe auquel seraient soumis tous les citoyens
sans exception. »
« Il faut ensuite se
décider à mettre en place une véritable flexibilité de l’emploi, seul moyen de
faire reculer le fléau du chômage. »
« Il faut de toute
urgence, supprimer l’horaire légal de 35 heures par semaine. »
« Si l’on veut
remettre la France sur les rails, il faut le retour à la retraite à 65 ans. »
Et de conclure : La
campagne présidentielle qui s’annonce verra-t-elle un candidat (ou plusieurs :
je n’ai pas renoncé à rêver !) s’en emparer et les porter devant les français ?
C’est le vœu que je forme pour cette nouvelle année. »
Ce long pensum n’est
pas le fruit du hasard. Les tenants du capital financiarisé, s’appuyant sur les
abandons successifs du pouvoir socialiste veulent pousser les feux plus loin
pour en finir définitivement avec le modèle social et démocratique de notre
pays, déjà bien mis à mal.
Tel est l’enjeu des
présidentielles de 2017. C’est donc bien une autre période politique qui vient
de s’ouvrir après les élections régionales. Les communistes et plus largement
la gauche de transformation sociale et écologique se doivent de faire preuve
d’une grande lucidité. Ils doivent sans tarder se mettre plus et mieux au
service de ceux qui souffrent et aspirent à du neuf dans les luttes unitaires à
mener. À faire du neuf pour construire un nouveau projet progressiste nourri
d’actions prioritaires et de mesures urgentes pour sortir le pays du piège dans
lequel on veut l’enfermer. L’espoir peut et doit renaître. Il le sera au prix
d’immenses efforts pour être à l’écoute des forces citoyennes qui n’ont pas
renoncé, des militants, pour engager sans tarder débats, actions, rencontres
pour réinventer un nouveau pacte d’espoir. Il y a urgence, les forces au
service des
puissances d’argent ne nous attendront pas !
Robert Clément
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