Conseil municipal du 25 novembre : Intervention de Sofia DAUVERGNE sur le périmètre du futur Etablissement Public Territorial d'Est Ensemble !
Intervention de Sofia DAUVERGNE sur le périmètre du futur
Établissement Public Territorial (EPT) d'Est Ensemble
Madame le Maire, chers collègues,
Ce soir notre conseil Municipal est amené
à se prononcer sur le périmètre du futur territoire qui sera partie prenante de
la Métropole du grand Paris.
La saisine de notre Conseil par le Préfet
de Région nous donne l’occasion de mettre à jour et de donner notre avis sur ce
que vise la loi de Nouvelle Organisation du Territoire de
la République – dite loi NOTRe du 7 août 2015 qui va bien au delà de la
question qui nous est posée.
Cette question du périmètre pourrait être
réglée assez vite car, comme cela l'a été rappelé, il sera celui de notre
actuelle intercommunalité.
C'est, effectivement, le moins mauvais des
scénarios. Je pense à ceux aujourd'hui forcés de se regrouper dans des
territoires n'ayant pas une vraie cohérence et portant des projets politiques
totalement opposés.
J'en viens maintenant aux questions de
fond pour lesquelles les élus que nous sommes n'ont jamais été sollicités
et je ne parle pas des citoyens tenus éloignés d'un débat qui les concerne
pourtant en premier lieu.
Et ce n'est pas faute, pour notre part,
d'avoir proposé à l'assemblée, en mai puis en octobre de l'année dernière
l'organisation d'un débat public sur romainville pour en informer les habitants.
Déjà pour la loi Maptam ( Loi du 27
janvier 2014 de Modernisation de l'Action Publique Territoriale
et l'Affirmation des Métropoles) on nous
parlait du « 1000 feuilles administratif », que « les Français n'y comprenaient
rien » dans « des institutions trop éloignées de leurs préoccupations »,
constatons que la situation avec la loi NOTRe, n'est pas plus claire :
le 1000 feuilles a grossi et les français ont été tenus éloignés des débats.
Nous assistons donc en définitive à un vrai
coup de force contre la démocratie, et que c’est en vérité à ne plus rien y
comprendre. A moins que ce « choc de simplification » ne soit en vérité qu'un «
choc libéral ».
J’en veux pour preuve le débat du 29
septembre dernier, de présentation de la loi NOTRe à l'agglomération Est
Ensemble qui - malgré la présence du Préfet Lucas - a plongé les élus communautaires
dans une grande perplexité...
Comment ne pas faire le parallèle avec le
discours prévalant sur la construction Européenne ? on nous annonçait « paix et
prospérité » !
On sait depuis ce qu'il en est advenu...
guerre, austérité et chômage de masse.
Pour revenir à Romainville, à ce soir, la
présentation qui nous est faite pèche par manque d'enthousiasme : les élites,
les technocrates ne croient même pas en leurs lois.
Et pourtant, il y aurait fort à faire :
nous pensons qu'il faut effectivement donner un grand coup de balai
démocratique sur nos institutions avec une VIème République
qui prenne en compte les droits des salariés dans l'entreprise, qui libère
l'information du pouvoir de la finance, qui donne des droits élargis pour les
associations, qui sorte du carcan du présidentialisme et des pouvoirs
personnels, qui conforte la commune comme socle de la démocratie.
Mais nous aurons à échanger sur ces
questions tout à l'heure avec l'adoption de la Charte du dialogue citoyen.
Critiques de cette loi obscure, nous
sommes pourtant conscient des enjeux que portent l’agglomération : sur le
logement, sur l'emploi, sur les nécessaires dynamiques territoriales, sur le
transport et l'environnement qui sont des questions qui se posent et se
traitent à cette échelle.
Mais là où nous devrions rencontrer :
de la mutualisation, de la coopération, des péréquations, de la synergie des
territoires ce que l'on nous propose en est exactement l'inverse.
Il faudra changer ces métropoles. Au lieu
qu’elles soient autoritaires et au service des quartiers d’affaires, il faudra
les réorienter en métropoles coopératives, démocratiques et au service de la
lutte contre les ségrégations sociales et territoriales pour un développement
durable, et qu’au lieu de prétendre tout régenter, elles soient un espace de
convergence des actions des autres collectivités qui doivent continuer à avoir
les moyens de fonctionner.
Il
faudra agir pour que leurs élu-e-s ne soient pas que des faire-valoir. Pour notre part nous continuerons à alerter
sur les mauvais coups, comme l’Opération d’Intérêt National
(OIN) au parc de La Courneuve et celles en projet dans les quartiers des
Ormes en liaison avec Montreuil.
Bien sûr nous continuerons à expliquer les
conséquences de la loi NOTRe. Le gouvernement a pu d’autant pu faire
passer cette loi parce que personne n’en mesure les impacts…
Nous continuerons à partir de la vie
concrète à mettre à nu la nature profonde de la réforme territoriale et pour
faire progresser l’idée d’une réforme démocratique pour qu’elle devienne
incontournable.
Comment va donc s'organiser la République
? Avec l'étouffement budgétaire des Communes, la
disparation programmée des Départements, l'éloignement du pouvoir par des
régions déconnectées de la réalité et la création de métropoles qui n'en ont
que le nom.
La loi NOTRe organise la casse
de repères géographiques forts qu'ont les citoyens :
·
le Département - quoi que l'on en dise-
les citoyens y sont attachés et nous ne pouvons nier que la Seine-Saint-Denis
est notre identité,
·
les régions, autrefois niées, devront
faire cohabiter des territoires aussi éloignés culturellement que l'Aisne et le
Pas de Calais, les Hautes-Alpes et le Puy de Dôme, le Bas-Rhin et la Haute
Marne ? Plus grandes mais pas plus efficaces et plus pertinentes, on
pourrait multiplier les exemples...
La loi organise aussi la casse des repères
institutionnels :
·
le principe républicain de la libre
administration des territoires vole en éclat avec le retour de la tutelle de collectivité
sur d'autre : ici la métropole. En province, la région.
·
la question de la compétence générale
sujet ô combien important dans un département comme le nôtre qui a permis de
couvrir des champs inédits, que ce soit dans le domaine de la culture, de la
santé, de la jeunesse, de la petite enfance...
Elle consacre la fin de l'unicité du
territoire de la République régi par les mêmes règles...
Ce faisant le gouvernement va à l'encontre
des principes établis en matière de loi de décentralisation depuis 30 ans
puisque la loi entérine une plus grande concentration des pouvoirs et le
dessaisissement des exécutifs locaux des décisions qui touchent les citoyens.
Que restera-t-il demain comme pouvoir aux
élus de la république ?
Pourquoi faire cela ?
Est-ce pour faire des économies et dans le
cadre d'un choc austéritaire réduire les compétences pour réduire les services
à la population.
Est-ce pour livrer les services publics au
privé à l'image des Partenariats Publics-Privés ?
Ou est-ce pour embarquer de force Paris
dans une compétition européenne sur qui sera la capitale de la finance ?
Ce qui restera demain...
des Mairies sans compétences et sans
moyens, soumises à une austérité de fer,
des territoires sans guère plus de
ressources : puisque la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises, la
DGF intercommunale ira à la Métropole de même que la Cotisation Foncière des
entreprises en 2020...
Alors qu'on vante le rééquilibrage de la
région par des mécanismes fiscaux complexes...
Pardonnez-moi mais il s'agit de balivernes
: demain la future métropole sera dominée par la droite des Hauts-de-Seine, des
Yvelines, et du XVIème arrondissement... Comment imaginer qu'ils soient
pleinement solidaires avec leurs amis des républicains du 93 ? Peut-on en plus
imaginer qu'ils le seront avec les villes de gauche ? Ou encore avec leurs
populations méprisées de tout temps ?
·
Déni démocratique, injustice territoriale
: voilà le résultat de la loi NOTRe.
Je finirai par trois sujets qui nous sont
chers :
·
On ne trouve rien sur la future gouvernance des OPH alors que
des parlementaires socialistes ont porté
un amendement proposant une gouvernance
unique des OPH, SA, SEM et coopératives... Amendement qui a été retirer
rapidement devant la levée de bouclier provoquée dans le monde HLM. Demain
donc, quelle sera votre position sachant que l'on peut aller vers une
gouvernance unique sur le territoire et perdre la gestion d' un office, OPH
Romainville Habitat ? Comment peut on penser
que la crise du logement dans notre ville - comme en Ile de France -
sera résolue par un transfert des demandes vers un territoire dont les
dotations et les financements de l’Etat vont diminuer ?
·
Une autre question nous interpelle et non
des moindre : celle de la parité homme-femme. L’assemblée de la Métropole,
constituée des Maires, sera majoritairement masculine. Quel recul, une loi de
la République ne sera donc plus appliquée !
Mais nous aurons à revenir sur ce sujet
puisque d'ici la fin de l'année les
conseils municipaux sont appelés à désigner leur représentant à la métropole
ainsi que les nouveaux conseillers territoriaux bafouant ici le suffrage des
électeurs et la légitimité de la représentation à la proportionnelle.
·
Enfin, le dernier mot sera pour les
personnels de statuts publics : en région, dans les départements, dans les
Établissements Publics Territoriaux, dans les communes c'est à une véritable
saignée de l'emploi public que nous allons assister. Avec son corollaire de diminution de service
public et de collectivités qui ne pourront plus jouer le rôle d'amortisseur des
difficultés sociales, de bouclier social.
Notre espoir est que ce
qui est mal fait aujourd’hui, demain, avec les citoyens, il faudra le
reconstruire.
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