Débat d'orientations budgétaires : l'intervention de Sofia Dauvergne
Nous publions l'intervention de Sofia Dauvergne lors de la séance conseil municipal du mercredi 25 février portant sur les orientations budgétaires 2015
La victoire de Syriza en Grèce a été saluée par l’ensemble des formations de la gauche française et également par les membres du gouvernement. Cette victoire met sur le devant de la scène la volonté de combattre les politiques d’austérité imposées aux peuples partout en Europe.
Dans le même temps, en France, après le gel des concours financiers de l'État aux collectivités territoriales en 2013, puis leur diminution de 1,5 milliards d'euros en 2014, le Gouvernement a annoncé une nouvelle baisse de 11 milliards d'euros à horizon 2017.
L'article 9 du projet de loi de finances pour 2015 diminue par conséquent
de 3,67 milliards d'euros les concours financiers de l'État aux
collectivités territoriales par rapport à 2014.
Cette course effrénée à la baisse des dépenses
publiques orchestrée par Bruxelles, soumise aux diktats des marchés financiers
rationne les dépenses des collectivités territoriales.
Mécaniquement, ces choix politiques, sans précédent,
impactent leur équilibre budgétaire avec des conséquences quotidiennes qui
pèsent toujours plus sur la vie des populations.
Alors que les collectivités locales sont
l’un des moteurs de l’investissement et l’un des atouts de sortie de crise, elles servent, depuis des années, de variables
d’ajustement, victimes de la même volonté, d’une
année sur l’autre, de diminution de la dépense publique.
Présentée comme la seule réponse à la
crise, cette politique d’austérité aggrave tous les problèmes, provoquant
récession et hausse continue du chômage.
Aussi, fin 2014, le 1er ministre a annoncé une légère baisse de
l’impôt sur les ménages. Mais il a oublié d’ajouter qu’en janvier de la même
année, le taux de la TVA a subi une augmentation de 0,40% passant de 19,60% à
20%, diminuant d’autant le pouvoir d’achat des ménages et surtout des plus
démunis.
Ce sont la majorité des biens et des prestations de services qui sont touchés :
les charges locatives, le gaz, l’eau, l’électricité, le transport, la
restauration.
Il a également omis de parler du manque de ciblage et de contreparties aux
baisses de charges consenties aux entreprises.
C’est ce qu’on appelle la politique de l’offre.
Cette politique de l’offre est inefficace parce que, et surtout, 85% des
bénéfices créés par les entreprises sont redistribués aux seuls actionnaires.
Il reste bien peu pour mener une politique de gauche.
Alors, il y a ce pacte de responsabilité : 41 milliards d’euros
d’exonérations pour les entreprises privées et 50 milliards d'euros d’austérité
budgétaire avec le gel des salaires pour les ménages les plus démunis, les
fonctionnaires.
Lorsque l’on place ces 41 milliards d'euros de cadeaux au patronat en face
des 12,5 milliards d’euros pris aux collectivités locales, il n’est pas besoin
d’être un spécialiste des finances pour se dire que quelque chose ne va
pas !
Vous n’êtes pas sans connaitre la lutte que mène depuis des mois les
salariés de la blanchisserie RDL aux Lilas. Cette société a touché 1,5 million
du CICE.
Mais prépare depuis son rachat par un fonds de pension, un plan social
malgré un carnet de clients bien fourni et prévoit le licenciement de 11
personnes et le transfert de 60 salariés vers l’Essonne et les Yvelines, autant
dire qu’il y en aura quelques-uns au chômage.
On ne peut que constater avec colère que ce cadeau au patronat représente
plus de 3 fois ce qu’on enlève aux collectivités, ce
qu’on vole aux élus locaux et aux habitants pour construire des crèches, des
terrains de sports, des écoles, des centres de loisirs, des lieux de culture,
ce qu’on retire à la population, au service public.
Ce racket, au nom de l’austérité, tue l’emploi en diminuant de force le
nombre de fonctionnaires au service des populations.
On peut me dire que l’Etat français subit la dette Sarkozyste et on aura
raison ! Mais là où le bât blesse, c’est quand un gouvernement qui se dit de
gauche fait peser le poids de cette dette sur les services publics locaux tout
en concédant des cadeaux faramineux au CAC 40.
Un exemple, TOTAL ne paie que 3% d’impôts alors qu’elle a touché 19
millions en 2013 et 28,5 en 2014.
Et pendant ce temps, les besoins d’accompagnement social ne cessent de
croître sur les territoires, accentuant ainsi l’attente d’aide et de protection
des populations vis-à-vis d’élus locaux qui ne sont plus en mesure de leur
fournir.
Et l’annonce de ces derniers jours de l’ARS (Agence Régionale de la Santé)
qui exige la suppression de 51postes à l’hôpital intercommunal André Grégoire
d’ici la fin de l’année. Ne fait qu’aggraver la situation.
Ce que nos concitoyens subissent en termes de crises de l’emploi, du
pouvoir d’achat, du logement, détermine largement leur conscience.
Le décalage entre les besoins qu’expriment
l’ensemble des acteurs de terrain - élus compris - et le discours
"officiel" qui n’offre comme seule perspective que la diminution des
investissements, la suppression des services et l'augmentation de la fiscalité
locale, ce décalage devient insupportable.
C’est l’occasion de constater, une nouvelle fois, que
Romainville n’est pas dans une bulle. Ce qui se passe et se décide ailleurs
interfère directement sur les finances de la ville et donc, par conséquent, sur
le quotidien des Romainvilloises et Romainvillois.
Pour Romainville, comme il est inscrit dans votre
rapport, cette baisse de la dotation forfaitaire atteindra la somme
considérable de 700 000€ en 2015.
Je rappelle que depuis 2006 cette DGF est passée de 11
millions d’€ à 4,7 millions d’€ en 2014.
IL est précisé également dans le rapport que la loi de finances 2015, dans
son extrême bonté, renforce les mécanismes de péréquation tant verticale
qu’horizontale pour les concentrer sur les collectivités les plus défavorisées.
Cependant, en ce qui concerne l’augmentation de la péréquation dite
« verticale », elle est financée sans majoration de l'enveloppe
normée : la moitié est financée au sein de la dotation globale de
fonctionnement (DGF) tandis que l'autre moitié est financée par une minoration
des variables d'ajustement.
Autrement dit, la hausse de la
péréquation verticale est intégralement financée par les collectivités
territoriales elles-mêmes.
Un beau tour de passe-passe !
Même si les dispositifs de péréquation sont revus à la hausse, pendant
combien de temps encore la solidarité des communes les moins pauvres pourra
permettre aux communes les plus en difficulté d’assurer leur offre de service
public et de répondre aux attentes sociales de leur population.
Romainville, doit-on s’en satisfaire, bénéficiera encore cette année de
cette augmentation de dotation et notamment la Dotation de Solidarité Urbaine
(DSU) qui, je le rappelle, profite aux communes les plus défavorisées.
Cette DSU est passée de 596 000€ en 2006 à 1 546 000€ en
2014 soit une augmentation de +159% !
Doit-on également se réjouir de bénéficier de la refonte du fonds de
solidarité de la région Ile-de-France (FSRIF) qui est versé par les villes les
plus riches d’Ile-de-France aux villes les plus pauvres de la région ?
Ce fonds qui s’appelait jusqu’en 2011, Dotation de fonds de solidarité de
la région Ile-de-France, est passé de 993 000€ en 2006 à
1 780 000€ en 2014 soit, là encore, une augmentation de 79% !
En fait, c’est parce que notre ville est de plus en plus pauvre que nous
pouvons équilibrer les pertes de recettes de dotations de l’Etat. C’est
affligeant !!
Et on parle d’œuvrer à l’amélioration du quotidien de tous nos concitoyens
alors que notre ville se paupérise.
Pour preuve, le document que vous avez déposez à l'ANRU pour votre projet
du quartier Gagarine et qui met en avant cet appauvrissement de la population
Romainvilloise :
Je cite votre exposé sur les dysfonctionnements sociaux « Le parc
social représente 51% des logements ( même
si nous continuons à dire que ce chiffre qui date de 15 ans n'est plus le bon,
l’observatoire départemental des données
sociales de la seine Saint-Denis donne pour Romainville aujourd'hui un taux de
42%), le taux de chômage atteint, donc, 18,70% contre 11,90% en
Seine-Saint-Denis, près d’un tiers des jeunes de 15 à 24 ans sont sans activité
et 46% des foyers du parc social vivent avec moins de 1 000€ par mois ».
Depuis 14 ans, la majorité municipale n'a fait le choix que de ponctionner
massivement dans les dépenses de fonctionnement afin d'assurer la priorité à
l'investissement.
Au total, par exemple de 2006 à 2013 (en 7 ans), on aura pris 103,65
millions d'euros dans la section de fonctionnement ( dont 35 millions d'euros
de vente du patrimoine) pour financer les 162 300 000 euros de dépenses
d'équipement.
Encore pour l’exercice 2014, il a été économisé 6,7 millions d’euros sur le
fonctionnement.
Les élus de gauche que nous sommes, nous ne cessons de répéter, que notre
population subit, au même titre que les autres populations, la crise en pleine
face, que la vie des habitants se dégrade de jour en jour, alors que les
recettes de fonctionnement sont en baisse constante, notre ville se permet de
continuer de faire des économies sur les dépenses courantes de fonctionnement.
C’est, tout au plus, la traduction, une nouvelle fois,
d’une dégradation et diminution des prestations et services à la population malgré
l’effort constant des agents communaux à maintenir un service public de
qualité.
Et encore cette
année de nouvelles augmentations des tarifs des prestations se rajouteront aux
augmentations de loyers dans le parc social.
Nous devons, plus que jamais, résister face à cette
crise, avec une politique qui accompagne et soutient chacun de ses habitants,
une politique de gauche qui réponde au plus près aux besoins des Romainvillois.
C’est en ce sens que nous, élus du Front de Gauche,
resterons vigilants quant à l’élaboration et l’exécution de ce budget 2015.
Nous réaffirmons qu’il faut rompre avec l’obsession de
la réduction des déficits et de la compétitivité à tout prix.
Il nous faut d’urgence une véritable réforme fiscale,
une réforme juste et efficace afin que les plus hauts revenus, les profits et
les grandes entreprises participent réellement à l’effort.
Dans ce contexte de baisse de dotations, de perte de
l’autonomie fiscale et foncière, et alors que les charges s’accroissent par le
transfert de compétences de l’Etat sans transfert de moyen, il devient de plus
en plus complexe d’élaborer un budget qui réponde aux besoins et aux attentes
de tous.
Face à cette situation et dans le cadre de la
préparation du budget 2015, nous faisons le choix de la responsabilité et de
l’intérêt des Romainvilloises et Romainvillois avec, comme objectif de
conserver le meilleur service public pour tous.
L’Etat doit reconsidérer ses priorités et garantir aux
communes les plus engagées sur le front social, écologique et de la rénovation
urbaine, les moyens de leur fonctionnement.
Espérant être entendus avant le vote du budget, nous
participerons, en ce sens, aux débats.
Je vous remercie de votre attention.
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