Spéculation immobilière : " Des paroles aux actes "
Madame la Maire de Romainville
vient d’interroger monsieur le préfet de la Seine-Saint-Denis pour s’inquiéter
des « risques de spéculation sur les coûts du foncier ».
Nous nous félicitons de cette intervention.
Nous aurions cependant souhaité que ses paroles s’accordent avec les actes
produits par les promoteurs immobiliers dans notre ville. Les grues envahissent
le paysage. Les grands groupes ont pignon sur rue : « Bouygues »,
« Kaufman et Broad », « Les nouveaux constructeurs. « Nexity »
et « Cogédim » se taillent la part du lion avec respectivement 4 et 5
opérations.
Tous les quartiers de Romainville
sont concernés, sans que les habitants n’aient voix au chapitre. Si ce n’est
pour approuver un projet déjà ficelé, voire engagé.
- Le projet dans le quartier Gagarine est démesuré : 1874 logements alors que la cité en compte actuellement 781, sans un logement social supplémentaire.
- Nous assistons à une énorme densification dans le quartier Cachin.
- Le centre historique risque de se trouver défiguré, avec des opérations comme le « Grand Ségur » mis en sommeil grâce à l’action des riverains du quartier.
- Les résidents du quartier des grands champs ne savent pas à quelle sauce ils vont être mangés. Grâce à l’intervention des citoyens, une réunion va enfin se tenir.
- Le projet des Trois Communes avec la destruction d’une partie de la cité De Gaulle et la construction de 300 logements sur les talus de la partie couverte de l’autoroute est une aberration en matière d’environnement.
- Les résidents du quartier des Ormes viennent d’être informés des projets en cours, sans qu’ils aient eu leur mot à dire sur les choix retenus. Pas davantage concernant les dispositions dérogatoires envisagées avec la révision du plan local d’urbanisme. La dépollution d’un terrain où se trouvait implantée une entreprise est l’occasion pour les promoteurs de faire pression sur les propriétaires pour qu’ils vendent leur bien.
- Avec l’objectif de construire 800 logements et 20.000m2 de bureaux dans la ZAC des Bas Pays ne court-on pas le risque de voir ce quartier tourner le dos au cœur de ville ?
Aucune ligne directrice
n’apparaît en matière d’urbanisme et d’aménagement. Les opérations se
juxtaposent, au coup, par coup, sans réelle vision d’avenir. A peine une petite
entreprise a-t-elle disparue, pour qu’aussitôt elle cède la place à une
opération immobilière. Des terrains et des propriétés de la ville ont été cédés
à des promoteurs, notamment à « Cogédim ». La nécessité de nouveaux
équipements publics pour la petite enfance notamment sont rarement évoqués. Le
stationnement est devenu un véritable casse tête.
Oui, dans une ville, il existe bien
deux façons de traiter son aménagement et son urbanisme : « UN
URBANISME DES PROMOTEURS IMMOBILIERS DONT LE SEUL OBJECTIF EST DE FAIRE DE
L’ARGENT PAR N’IMPORTE QUEL MOYEN » ET « UN URBANISME MAÎTRISÉ PAR LES ÉLU-E-S QUI SE DOIVENT DE
RENDRE DES COMPTES À LA POPULATION QUI LEUR A CONFIÉ UN MANDAT ».
Évidemment faire ce second choix
implique de s’opposer fermement à ces spéculateurs patentés et de faire
prévaloir les besoins de la population avant leurs intérêts égoïstes.
Tous les promoteurs immobiliers
se livrent à une publicité mensongère. Certains vont jusqu’à écrire que les travaux de la ligne 11
du métro ont commencé. Voici le dernier morceau choisi pour booster la vente des logements dans l’opération
« Garden Square », nous le citons : « Romainville est forte
d’un riche patrimoine qu’elle a su conserver et valoriser, COMME EN TÉMOIGNE
SON CHÂTEAU DATANT DE 1630 »… Quelle imposture lorsqu’on connaît son état….
Cette main mise des promoteurs
entraîne une envolée des prix de l’immobilier, certes ralentie par la
conjoncture actuelle. Ainsi, le prix moyen du m2 d’un logement en accession à la
propriété s’élevait à 3600€ en 2008, 4900€ en 2013 et 4700€ en 2014.
À la fin de l’année 2011, madame
la Maire nous annonçait l’encadrement du prix du foncier, avec une décote de
10% pour les Romainvillois. Une charte a été signée avec les promoteurs. Qu’en
est-il ? Il était précisé qu’au prix du marché, le m2 s’élevait 4500 € dans le centre ville, Or
dans l’opération « Grand Place » le prix de vente s’élève à 5300 € le
m2. La même tendance se vérifie dans toutes les opérations.
On nous objectera que les élu-e-s
locaux n’ont pas la maîtrise du marché de l’immobilier. Certes, mais un certain
nombre d’outils donnent à la collectivité la possibilité d’interférer dans le
fonctionnement du marche foncier et de l’orienter en faveur de l’intérêt
public. Citons en premier lieu le plan local d’urbanisme. MAIS CE DERNIER EST
EN PERMANENCE MODIFIÉ AU GRÉ DES EXIGENCES DES PROMOTEURS. Citons également la
délivrance des permis de construire et l’exercice du droit de préemption. Or, n’est-ce pas la
première magistrate qui peut l’exercer, pour freiner la boulimie des
promoteurs ?
Oui il faut aménager, construire,
préparer l’avenir, mais si les logiques spéculatives l’emportent c’est l’esprit
même de notre ville qui mourra à petit feu et finira par disparaitre. Pour
notre part nous proposons que :
- Le plan local de l’urbanisme soit modifié afin de préserver une ville populaire, fidèle à son histoire.
- Les promoteurs immobiliers participent au financement d’équipements publics dans le cadre d’opérations qui leur sont confiées.
- Soit mis un terme à la démolition de logements, alors que nous connaissons la crise la plus grave depuis les années de l’après guerre.
- L’équilibre social s’appuie sur trois leviers, le logement, la scolarité et l’emploi.
- Que les constructions soient variées à la fois dans leur prix et dans leur style. Chaque opération devrait compter 30% de logements sociaux.
- Les habitants aient de bout en bout la maîtrise des opérations programmées dans leur quartier. Cela implique de les associer à toutes les décisions.
- Toutes les opérations d’aménagement soient pensées en rapport avec les besoins en équipements publics (écoles, crèches, culture, besoins de la vie associative).
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