Vous que l’on a parqués et réduits au silence
Condamnés à l’exil, envoyés au bûcher,
Vous qu’on a maltraités, qu’on a privés d’enfance
Ne refaites donc pas ce que l’on vous a fait.
Vous qui avez connu l’horreur des miradors
Et ces chiens en furie qui buvaient votre sang,
Vous qui savez pourtant que la vie est un trésor
Ne resemez donc pas la haine dans les vents.
Vous que l’on a réduits à des troupeaux infâmes,
Sans terre, sans abris et sans havres d’amour,
Vous que l’on a fauchés sous de cruelles lames
Ne laissez pas passer ces appels au secours.
Vous qui avez souffert des balles et des bombes,
Vous que l’on a traités dans la honte et la boue,
Qui n’avez pas eu droit à une simple tombe,
Ne faites donc pas d’eux ce que l’on fit de vous.
Vous qui étiez marqués au jaune d’infamie,
Jusqu’à en oublier la magie d’une étoile,
Vous que l’on a brisé à l’aube de la vie
N’oubliez pas le bleu sur le gris de la toile.
Vous qui avez, un jour, retrouvé une terre,
Une raison d’aimer, une source d’espoir,
Vous qui avez vaincu la terreur, la misère,
Ne les condamnez pas à vivre dans le noir.
Robert Clément
Soyez le premier à commenter !
Enregistrer un commentaire